Intervention de André Chassaigne

Séance en hémicycle du lundi 4 décembre 2023 à 15h00
Contentieux du stationnement payant — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAndré Chassaigne :

Résultat : le nombre de verbalisations explose. Entre 2018 et 2022, le nombre des amendes pour stationnement est passé de 7,8 à 13,7 millions, pour atteindre des recettes record de l'ordre de 340 millions d'euros. Il faut reconnaître que c'est du brutal, mais le grisbi est au rendez-vous.

En même temps que celui des verbalisations et des recettes, le nombre des contestations et des annulations explose lui aussi : selon un récent rapport sénatorial, plus d'une contestation sur deux aboutit à une annulation, preuve de l'absence de discernement des agents verbalisateurs, mais aussi de la nécessité de garantir à chacun le droit effectif à contester la verbalisation. Dans ce contexte, la réponse de notre collègue Labaronne ne nous semble pas satisfaisante.

Les exceptions prévues pour certaines situations – le vol ou la destruction du véhicule, l'usurpation de la plaque d'immatriculation, la cession du véhicule, la perception de revenus limités, la détention de la carte mobilité inclusion – et le plafonnement du paiement préalable constituent des mesures très ciblées qui ne permettent pas, selon nous, que le droit effectif au recours soit parfaitement assuré.

Nous contestons le fait que vous répondiez à un problème matériel – celui de l'engorgement de l'autorité qui traite les contestations – par la limitation d'un droit. Les droits fondamentaux ne peuvent jamais être relatifs : ils ne prévoient pas d'obligation de moyens, mais une obligation de résultat ; c'est aux moyens de s'adapter au respect du droit, et non l'inverse. Si engorgement il y a, c'est que les autorités compétentes manquent de moyens pour traiter les contestations. C'est aussi parce que le système, automatisé et offert au privé, constitue une source d'erreurs en trop grand nombre. C'est à cela qu'il faut répondre.

Dans ces conditions, nous ne soutiendrons pas la proposition de loi qui nous est soumise aujourd'hui.

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