Intervention de Benoît Piétrement

Réunion du mardi 24 octobre 2023 à 14h00
Commission d'enquête sur les causes de l'incapacité de la france à atteindre les objectifs des plans successifs de maîtrise des impacts des produits phytosanitaires sur la santé humaine et environnementale et notamment sur les conditions de l'exercice des missions des autorités publiques en charge de la sécurité sanitaire

Benoît Piétrement, vice-président de l'AGPB :

Je rappellerai que les grandes cultures elles-mêmes comprennent des petites filières. C'est le cas par exemple des céréales mineures. Il existe aussi des cultures comme le lin et le chanvre, ou encore le riz, qui sont essentielles pour l'économie locale. Les petites filières ne disposent évidemment pas des mêmes moyens que les grandes filières. Une filière qui ne possède pas les capacités nécessaires pour se protéger et subit des suppressions de molécules finit généralement par tomber : l'agriculteur s'oriente vers une production plus rentable.

À l'instar de M. Guinard, je considère que le zéro phyto fait sens sur le plan environnemental et du point de vue de la santé. En revanche, s'il est brandi de manière dogmatique, je peine à le comprendre. Il est certain que plus nous progressons dans la réduction des produits phytosanitaires, plus les marches à franchir sont hautes pour supprimer de nouvelles molécules. La diminution du nombre de molécules et la baisse des dosages favorisent les résistances. Pour l'instant, le zéro phyto de synthèse demeure impossible.

Il n'en reste pas moins que nous disposons d'une marge de progrès grâce à la génétique : la sélection de variétés plus résistantes nous permet de limiter l'emploi de fongicides. Toutes ces innovations sont de réelles pistes d'amélioration.

Des progrès significatifs ont été réalisés en matière de désherbage mécanique. En tant que président du conseil spécialisé grandes cultures de FranceAgriMer, j'ai pu observer les résultats des plans d'investissements sur l'acquisition de matériels d'intervention au sol. Malheureusement, l'efficacité de ces machines dépend beaucoup des conditions météorologiques : par temps de pluie, la herse étrille n'est pas adaptée.

Pour répondre à votre dernière question, la prise de risque constitue effectivement une préoccupation majeure pour les agriculteurs, en particulier dans les grandes cultures. Nous souscrivons des assurances pour les aléas climatiques. En revanche, nous pouvons difficilement lutter contre les risques sanitaires si les moyens mis à notre disposition sont réduits. Ces risques s'étendent d'ailleurs à l'ensemble de la filière. Dans un tel contexte, la production de céréales pourrait être exposée à des variations très fortes d'une année à l'autre. Il s'agit donc de mener un travail collectif pour relever ces défis.

Si des progrès très appréciables ont été accomplis en matière d'assurance climatique, les agriculteurs ont impérativement besoin de pouvoir utiliser les moyens de protection actuels.

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