Intervention de Maud Gatel

Séance en hémicycle du vendredi 16 juin 2023 à 9h00
Services express régionaux métropolitains — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMaud Gatel :

À mon tour de dénoncer fermement les menaces dont vous avez été l'objet, monsieur le rapporteur. Les trop nombreuses violences et menaces à l'égard des élus et des représentants du peuple n'ont pas leur place dans la démocratie

Nous sommes le 24 août 1837. Dans un vacarme assourdissant et une épaisse fumée, le premier train de voyageurs s'élance de l'embarcadère de la Place de l'Europe – aujourd'hui la gare Saint-Lazare – avec, à son bord, la reine Marie-Amélie, femme du roi Louis-Philippe. Les 19 kilomètres entre Paris et Le Pecq sont avalés en vingt-huit minutes, contre deux heures et demie en diligence : une révolution dans la connexion entre les territoires et leurs populations. Le cheval est désormais concurrencé par le cheval-vapeur.

Malgré le succès de ce voyage inaugural, Adolphe Thiers déclara que le chemin de fer n'était qu'« un jouet pour Parisiens » et qu'« on ne transporterait jamais un voyageur ni même un seul bagage de cette façon ». Cent quatre-vingt-cinq ans plus tard, il existe pourtant près de 28 000 kilomètres de voie ferrée et plusieurs millions de passagers sont transportés ainsi chaque jour, sur tout le territoire. Reste que subsistent des zones insuffisamment couvertes, où la voiture individuelle, qui a remplacé la diligence, demeure la solution privilégiée ou subie.

Si les mobilités occupent une place centrale dans le quotidien de nos concitoyens, qui passent en moyenne près d'une heure par jour dans les transports pour le seul trajet domicile-travail, les trois quarts d'entre eux utilisent leur véhicule pour effectuer ce trajet. Or un tiers de nos émissions de gaz à effet de serre est dû aux transports. Il est donc impératif que nous accélérions la transition vers des mobilités plus durables.

Telle est l'ambition de cette proposition de loi, qui a pour objet de favoriser le développement de services express régionaux métropolitains pour offrir à nos concitoyens une alternative à la voiture individuelle et limiter les impacts négatifs des transports sur notre environnement, car nos villes et nos concitoyens suffoquent.

L'objectif est clair : il s'agit de doubler la part modale du ferroviaire dans nos déplacements du quotidien. Renforcer les mobilités, c'est non seulement vivifier un territoire tout entier mais aussi réduire les inégalités économiques et sociales en favorisant l'insertion et les échanges. Ces ambitions doivent se traduire par des actes concrets.

La proposition de loi permet à la Société du Grand Paris de partager son savoir-faire précieux et reconnu avec les territoires volontaires pour développer des services express régionaux métropolitains et concourir ainsi à un maillage fin du territoire. Cette ingénierie est indispensable à la bonne réalisation des projets et à l'accélération du développement du ferroviaire, qui doit apparaître comme la colonne vertébrale autour de laquelle s'articuleront d'autres mobilités propres.

C'est bien une véritable offre multimodale qui doit être pensée dès la conception des projets. Il s'agit d'un impératif si nous voulons offrir à nos concitoyens un continuum de services qui répondent à leurs attentes. Ne nous y trompons pas, l'offre contribue aussi à créer la demande. Elle doit donc être satisfaisante du point de vue de sa fréquence et de sa fiabilité : si l'un ou l'autre de ces éléments fait défaut, c'est l'échec assuré.

Les débats en commission ont permis de soulever de nombreuses questions, que ce soit sur l'aspect technique, la gouvernance ou le financement. Des réponses ont pu y être apportées, s'agissant notamment de la définition du Serm, de l'intégration de nouveaux objectifs ou de l'organisation et du partage des compétences entre les différents acteurs, qui a été clarifiée.

Cependant, quelques évolutions complémentaires nous paraissent nécessaires. Aussi le groupe Démocrate défendra-t-il trois amendements.

Le premier a trait à l'accessibilité : les Serm doivent favoriser la mobilité de tous, notamment des personnes en situation de handicap, qui ont trop souvent le sentiment d'être assignées à résidence, faute de moyens de transport adaptés.

Le deuxième insiste sur l'importance des RER métropolitains dans le désenclavement des territoires périurbains comme ruraux : personne ne doit être laissé sans solution si nous voulons lutter contre l'autosolisme.

Le troisième vise à garantir l'interopérabilité des services d'information voyageurs et de billettique afin que l'expérience soit la plus simple et la plus fluide possible : c'est un gage de réussite.

De nombreuses villes et élus sont volontaires pour accélérer le développement du ferroviaire. Il nous faut leur offrir des solutions pour les soutenir résolument dans leurs démarches. Cette proposition de loi y contribue ; bien entendu, le groupe Démocrate la soutiendra.

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