Intervention de Henri Alfandari

Séance en hémicycle du mercredi 16 novembre 2022 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur la politique énergétique de la france

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHenri Alfandari :

Beaucoup, pour ne pas avoir à s'inquiéter des conséquences de leurs choix, qualifièrent de fous les premiers savants qui prédirent le dérèglement climatique. Depuis, ce phénomène a fait l'objet de nombre d'études scientifiques, de rapports, de discours, d'émissions de télévision, de documentaires, de films, de déclarations à l'emporte-pièce, et aussi de propos éclairés et productifs. Nous avons presque tout entendu, le constat est clair : le réchauffement climatique est incontestable.

Nous, l'humanité, peinons à prendre conscience que nous ne pouvons plus attendre pour agir. Si nous nous accordons à dire que les activités humaines sont la source de ce réchauffement, alors il nous faut convenir que les principales variables en sont les ressources utiles à nos systèmes, en premier lieu celles nécessaires à la production d'énergie.

À vrai dire, quel que soit le système, capitaliste ou collectiviste, pas un seul ensemble politique des XXe et XXIe siècles n'a pu se passer des ressources énergétiques pour faire vivre les êtres dont il avait la responsabilité. Ces ressources nécessaires au progrès, socle du contrat social ou de la paix sociale, sont qualifiées par certains « d'esclaves énergétiques ». Notre progrès social ou économique, notre richesse donc, se fonde sur une ressource que nous ne payons pas à sa juste valeur et dont l'utilisation, en outre, est néfaste à l'évolution du climat et à l'avenir de l'humanité.

À cet instant, je comprendrais parfaitement que, considérant que nous nous dirigeons vers un avenir sombre et inquiétant, au bas mot catastrophique, vous décidiez, plutôt que d'écouter une cassandre de plus, de profiter sans attendre du temps qu'il vous reste. Mais justement, du temps, il nous en reste – pas longtemps, vingt ans. Si nous y mettons de la volonté – car la volonté, c'est l'énergie la plus renouvelable et décarbonée qui soit –, nous pouvons travailler dès aujourd'hui à sortir des énergies fossiles, nous pouvons choisir d'arrêter le gâchis, d'innover pour montrer l'exemple et d'entraîner le monde et l'humanité vers un avenir vivable et désirable.

Cela, nous le ferons en redonnant aux Français confiance en eux-mêmes, confiance en leurs talents, en leur travail, en leurs choix et en leur avenir.

Nous devons agir sur la première des variables du changement climatique : l'énergie. Nous devons produire plus d'électricité décarbonée et nous passer définitivement des énergies fossiles. Il s'agit là d'une perspective générale ; pour atteindre cet objectif, il nous faut une stratégie.

Cette stratégie se décline déjà, grâce au Président de la République, grâce au précédent gouvernement et à l'actuel, dans la SNBC et dans le Pacte vert pour l'Europe. La neutralité carbone est ainsi l'objectif minimal que chacun sur ces bancs doit garder à l'esprit.

Pour penser l'avenir, il faut connaître son passé. En matière de stratégie énergétique, la France dispose d'un passé riche, plein d'enseignements sur ce que nous devons réaliser demain.

Ces mots de Jacques Chirac, prononcés à la Sorbonne le 24 mai 1996, précisent la nature de la planification française : « La planification française, et c'est là son originalité, n'est pas née d'un esprit de système. […] [Afin d'] organiser ce qui doit l'être, sans renoncer à la libre entreprise et à la liberté des échanges, […] dès l'origine, notre Plan [fut placé] sous le signe du pragmatisme. […] Il fallait que l'État eût les moyens d'imposer aux conservatismes renaissants…

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