Intervention de Christophe Bex

Séance en hémicycle du lundi 14 novembre 2022 à 16h00
Comités sociaux et économiques de la poste — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Bex :

L'année 1984 sonne le glas, avec le rapport Chevallier qui préconise alors une scission des PTT, des réformes de structure et un recours massif au privé.

Le mouvement de déréglementation du service postal en France s'accélère en 1987. Il s'appuie sur deux postulats étroitement liés : toujours plus d'Europe et toujours plus d'ouverture à la concurrence. Mais le démembrement de l'ancien édifice des Postes et télécommunications, symbole des services publics auquel la population a été et reste encore très attachée, n'a pu se faire que progressivement, dans la durée, et avec une certaine duplicité des différents gouvernements qui se sont succédé. C'est la stratégie de la grenouille que l'on place dans un récipient dont l'eau, chauffée progressivement pour mieux l'engourdir, finit par l'ébouillanter.

La stratégie appliquée aux PTT et à ses 450 000 fonctionnaires sert de laboratoire pour d'autres secteurs comme l'énergie, les transports et désormais la santé et même l'éducation… Cette stratégie est directement inspirée des politiques néolibérales des pays voisins, qui ont érigé la concurrence effrénée en valeur cardinale de leur action.

En mai 1990, l'Assemblée nationale adopte la réforme des PTT. Le 1er janvier 1991, La Poste et France Télécom perdent leur statut d'administration et deviennent deux établissements autonomes de droit public, des EADP. Cela permet de recruter des salariés de droit privé en lieu et place des fonctionnaires et des contractuels de droit public. Par la suite, en 2012, La Poste devient une société anonyme à capitaux publics. Le tout se fait bien évidemment sous l'impulsion néolibérale de l'Union Européenne, qui impose progressivement la privatisation et l'ouverture à la concurrence d'un grand nombre des missions de La Poste – comme la gestion des lettres dont le poids est supérieur à 100 grammes, pour ne citer qu'un seul exemple.

Une nouvelle étape dans le processus de transformation de La Poste en un vaste groupe privé, déconnecté de ses missions de service public, est ensuite franchie en 2020 avec l'ouverture du capital de ladite entité : l'État ne possède plus qu'un tiers des parts, le reste appartenant désormais à la Caisse des dépôts et consignations.

Vous serez d'accord avec moi, mes chers collègues, pour affirmer que nos services publics constituent le socle de notre quotidien et qu'ils sont issus de conquêtes sociales et de choix politiques émancipateurs. Pourtant, les exigences de rentabilité poussent La Poste à s'éloigner de plus en plus de cette philosophie au profit d'une logique de comptabilité dévastatrice, tant pour les usagers que pour les salariés.

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