Intervention de Christophe Bex

Séance en hémicycle du lundi 14 novembre 2022 à 16h00
Comités sociaux et économiques de la poste — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Bex :

C'est en tant qu'ancien postier que je m'adresse à vous aujourd'hui pour défendre une motion de rejet préalable qu'avec le groupe La France insoumise-Nouvelle Union populaire, écologique et sociale nous avons décidé d'opposer à cette proposition de loi.

Avant de revenir avec précision sur le fond et d'expliciter les raisons pour lesquelles nous nous opposons fermement à ce texte, je veux vous rappeler notre héritage commun. Même si nous avons de profondes divergences, nous partageons une histoire : celle de La Poste, celle du lien entre les femmes et les hommes qui perdure depuis la création des premiers relais de poste il y a plus de cinq siècles.

Cette histoire a façonné notre pays, notre grammaire, notre culture… Il existe, comme l'a souligné le rapporteur, un attachement très fort à La Poste. C'est notre culture populaire cinématographique avec Jour de Fête, le film de Jacques Tati, ou Bienvenue chez les Ch'tis ; c'est le calendrier, l'almanach du facteur, objet de culture et de collection ; c'est la lettre au père Noël ; c'est la 2CV puis la 4L jaunes ; c'est le facteur ou la factrice qui entre dans toutes les logements et maisons, offrant à de nombreuses personnes leur seule visite et leur seule conversation quotidiennes.

Pour beaucoup de jeunes des régions sinistrées économiquement, pour les territoires d'outre-mer, les PTT, c'était un statut et un revenu. C'était une fierté, une possibilité de s'insérer dans la société et de bénéficier de l'ascenseur social. J'étais l'un de ces jeunes en 1983. Si nous sommes en République aujourd'hui, nous le devons un peu, beaucoup même, à La Poste et à son organisation. Je rappelle un fait historique majeur qui a bouleversé à jamais notre destin national et changé la face du monde : le 21 juin 1791, à Sainte-Menehould, le maître de poste Jean-Baptiste Drouet reconnaît un passager lors d'une halte dans son relais. Cet homme, c'est le roi Louis le seizième, en fuite.

Dès ma nomination aux PTT en 1983, j'assiste de l'intérieur à la mort lente d'une entreprise nationale, administration d'État et fleuron du service public français.

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