Intervention de Bertrand Pancher

Séance en hémicycle du lundi 31 octobre 2022 à 15h00
Motions de censure — Discussion commune et votes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBertrand Pancher :

…discutées et repoussées en une semaine. Elles arrivent en réaction au choix du Gouvernement de recourir à trois reprises au troisième alinéa de l'article 49 de notre Constitution. Nous aurions tort de banaliser cette procédure qui devrait rester l'exception, car l'article 49, alinéa 3, illustre toujours l'échec du gouvernement qui l'active.

Nous le savons tous : la configuration politique actuelle est inédite. Elle résulte cependant du choix des Français – il faut l'accepter et respecter la décision populaire. C'est un défi pour vous, madame la Première ministre, et pour le Président de la République – auquel je m'adresse par votre intermédiaire –, mais aussi pour nous, sur tous les bancs de cet hémicycle. Ce défi de travailler ensemble est d'autant plus indispensable que les chantiers d'envergure nous font face pour nos jeunes et pour nos acteurs économiques : chefs d'entreprise, salariés, fonctionnaires, chercheurs, enseignants, bénévoles et médias, sans oublier nos retraités qui se sont engagés pour la reconstruction de notre pays et ceux dont on ne parle pas parce qu'ils sont dans la rue ou très éloignés du monde de l'emploi.

D'une élection à l'autre, crise après crise, nos concitoyens nous répètent combien le mode de fonctionnement politique actuel ne leur convient plus. Ils ont réélu le Président de la République, certains par conviction, d'autres par élimination. Le résultat de cette élection ne souffre d'aucun doute, mais les débats ont-ils réellement eu lieu entre les candidats, les Françaises et les Français sur les priorités de notre pays ? Non, ou si peu…

Nos concitoyens ont élu une assemblée dans laquelle vous ne disposez pas de la majorité absolue. Ils en sont plutôt satisfaits, mais ils rejettent le blocage et nous enjoignent de faire avancer le pays. Est-ce le cas dans nos affrontements ? Tant s'en faut.

Il résulte de ce manque de dialogue des priorités de réformes discutables et déjà remises en cause. Vous avez annoncé des lois pour lutter contre l'immigration, renforcer la sécurité, mais jamais vous n'évoquez une stratégie pour la jeunesse, pour les personnes âgées abandonnées, pour les services publics de proximité, pour les territoires oubliés.

Le groupe parlementaire que j'ai le plaisir de présider, Libertés, indépendants, outre-mer et territoires, regroupe des élus d'horizons divers. Certains pourraient dire des « Gaulois irréductibles ». Nous sommes des indépendants, viscéralement attachés à nos territoires, aux libertés publiques et à l'avenir de notre pays et, au quotidien, nous faisons l'expérience de notre capacité à travailler ensemble et à dégager des consensus. Lorsque j'explique à mes électeurs que les députés de mon groupe réussissent à si bien travailler ensemble malgré leur diversité, parce qu'ils s'écoutent et se respectent, ils me disent « bravo, il faudrait que beaucoup d'autres en fassent autant ».

C'est dans cet esprit de dialogue que nous en appelons à un choc de décentralisation et une grande réforme de nos institutions à bout de souffle. Pourquoi n'avancez-vous pas sur la proportionnelle ?

Nous voulions un renforcement du Parlement. Nous l'avons aujourd'hui, avec cette majorité qui n'est que relative, et nous devons saisir cette chance. D'abord parce que nous ne pourrons pas continuer à travailler à coup de 49.3, mais surtout parce que c'est la clé de la réussite pour notre pays. Nous vous demandons donc de vous engager dans cette voie du « décider ensemble ».

Nous n'avons pas souhaité voter les premières motions de censure. Cela ne signifie pas que nous avons rejoint votre majorité, mais qu'à six mois des dernières élections et dans une période de crise sans précédent, il ne nous semblait pas opportun d'ajouter de la confusion à la confusion.

Je dois aussi reconnaître, madame la Première ministre, que vous avez souhaité nous rencontrer à de nombreuses reprises ces dernières semaines pour échanger sur les textes de loi. J'entame mon quatrième mandat et je n'ai jamais été autant sollicité ; je le mets à votre crédit.

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