Intervention de Yaël Braun-Pivet

Séance en hémicycle du mardi 28 juin 2022 à 15h00
Allocution de mme la présidente

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYaël Braun-Pivet, présidente :

Cette femme s'appelait Jeanne Deroin ; elle était journaliste, avait 44 ans et, sous le poids des moqueries, avait finalement dû retirer sa candidature, renonçant ainsi à son ambition, pourtant si légitime.

Il aura fallu attendre près d'un siècle pour qu'enfin, le 21 octobre 1945, trente-trois femmes entrent pour la toute première fois dans cet hémicycle ; encore vingt ans pour que les femmes accèdent à une présidence de commission ; de nouveau vingt ans pour qu'une place leur soit faite à la questure ; presque aussi longtemps avant que soit créée la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes.

Ce chemin fut tracé par des personnalités remarquables. Elles sont l'honneur de la France et il est bien injuste que je ne puisse ici toutes les citer. Je veux quand même évoquer avec vous Catherine Tasca, qui fut en 1997, bien avant moi, la première femme à présider la commission des lois. Cette présidente yvelinoise défendit surtout le projet de loi constitutionnelle relatif à l'égalité entre les femmes et les hommes. Je pense également à notre chère Marielle de Sarnez, grande figure de l'Assemblée, disparue trop tôt, nous laissant tous désemparés.

Enfin, comment ne pas évoquer Simone Veil, à qui les portes du Panthéon se sont ouvertes et à qui nous devons tant ? Le 26 novembre 1974, alors ministre, elle est venue – je la cite – « devant cette assemblée presque exclusivement composée d'hommes », pour mettre fin « à une situation de désordre et d'injustice », et a permis d'inscrire dans la loi le droit à l'avortement.

La décision brutale rendue vendredi dernier par la Cour suprême des États-Unis d'Amérique, à rebours de son engagement, qui nous a tant choqués, nous appelle à la vigilance. Rien n'est jamais acquis. L'histoire est faite de grandes avancées, mais elle est toujours menacée de s'écrire à rebours. Ce droit a été conquis, il est inaliénable. Ma conviction de femme, au regard des circonstances, est que nous devrons veiller collectivement à ce qu'il le reste à jamais.

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