Intervention de Rachida Dati

Séance en hémicycle du jeudi 2 mai 2024 à 9h00
Discussion d'une proposition de loi — Discussion générale

Rachida Dati, ministre de la culture :

Les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 constituent un événement exceptionnel et fédérateur pour la nation tout entière. Ce moment collectif et médiatique interrogera également la présence du français en tant qu'il est à la fois la langue du pays hôte et celle de l'olympisme. Nombre d'élus, ainsi que nos concitoyens, y sont sensibles. Le contre-exemple du slogan « Made for sharing », affiché sur la tour Eiffel, a ainsi montré très tôt – vous avez eu raison de le rappeler – la grande sensibilité des citoyens et de l'ensemble de la francophonie en la matière. Les responsabilités sont collectives. Il s'agit de défendre notre langue commune et de respecter le plurilinguisme, donc la diversité culturelle.

Je salue Mme la députée Annie Genevard pour sa vigilance, avec laquelle j'ai toujours été en phase. Force est de constater que nombre de grands événements sportifs à diffusion planétaire font le choix de l'anglais pour leur communication – titre, slogans, publicités… Le plus souvent, leurs organisateurs ou mécènes sont des acteurs privés, qui ne sont pas soumis aux obligations inscrites dans la loi Toubon comme le sont les acteurs publics.

Un effort de prévention et de conviction a été lancé en amont des Jeux à l'initiative conjointe du ministère de la culture et du ministère des sports et des Jeux olympiques et paralympiques. Il s'est traduit par la création du groupe de travail interministériel et interinstitutionnel « Le français, langue du sport et de l'olympisme en France et dans le monde ». Ce groupe réunit également le ministère de l'Europe et des affaires étrangères, le ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse, le Cojop, la délégation interministérielle aux Jeux olympiques et paralympiques, les fédérations, les collectivités territoriales, l'Organisation internationale de la francophonie, des entreprises du sport et des personnalités qualifiées. Il se divise en plusieurs groupes thématiques, dont les missions sont les suivantes : enrichir les lexiques du sport, avec l'objectif de favoriser l'appropriation des termes sportifs ; mobiliser des réseaux d'influenceurs et d'entrepreneurs ; créer des ressources pédagogiques ; promouvoir les actions sur le terrain des collectivités qui accueilleront les Jeux et les visiteurs.

Cette démarche s'inscrit dans le cadre du plan Héritage et durabilité des Jeux, soutenu par l'État et qui répond à trois objectifs majeurs : dire et vivre les Jeux en français, car le cadre légal exige l'exemplarité ; partager les Jeux en français, pour l'ensemble des visiteurs et spectateurs francophones du monde ; accueillir les Jeux dans toutes les langues, par la promotion d'un plurilinguisme qui ne se limite pas à l'anglais.

La présente proposition de résolution partage l'ambition du Gouvernement : nous y retrouvons de nombreuses propositions correspondant à des actions déjà lancées et auxquelles je souscris pleinement. Les recommandations du texte s'adressent à un public français et francophone, notamment aux athlètes, entraîneurs, officiels, qui sont encouragés à utiliser le français lors des conférences de presse. Elles contribuent à valoriser notre langue, qui est à la fois celle du pays d'accueil et de l'olympisme. Il est indispensable que l'ensemble des documents produits à cette occasion – arbitrages, réglementations et recommandations –, dans tous les sports, disposent d'une version française.

Il faut rappeler que les strictes obligations d'emploi de la langue française relèvent du cadre légal – la loi Toubon –, qui s'applique, en premier lieu, aux acteurs publics. S'agissant des acteurs médiatiques ou privés, nous sommes dans le champ de la recommandation, de l'incitation. Il s'agit ainsi de favoriser la prise de conscience collective, par les médias français, de leur responsabilité sur le plan linguistique dans le cadre de cet événement exceptionnel.

Veiller à la présence et au rayonnement de la langue française lors des Jeux implique d'entretenir le dialogue avec les autres langues. Évitons donc la facilité qui consisterait à ne retenir qu'une traduction en anglais qui servirait de caution plurilingue. Ce serait un échec du point de vue de la diversité des cultures et des langues, diversité que nous défendons.

S'agissant des visiteurs étrangers, il convient, certes, de favoriser la pratique du français vers les francophones, mais aussi et surtout d'encourager la rédaction de la signalétique et des informations en plusieurs langues étrangères afin d'éviter le couple français-anglais, fort éloigné du plurilinguisme. Je serai, à ce propos, très attentive aux recommandations de la mission d'information sur l'avenir de la francophonie de vos collègues Mme Lakrafi et M. Taché.

Enfin, je salue la volonté commune, qui s'est exprimée sur tous les bancs, de défendre la langue française lors des Jeux olympiques et paralympiques de 2024. Il conviendra d'assurer le suivi de ces orientations et d'en dresser le bilan avec l'ensemble des acteurs institutionnels concernés, dans le groupe de travail interministériel et interinstitutionnel intitulé : « Le français, langue du sport et de l'olympisme, en France et dans le monde ».

Poursuivons ce travail tous ensemble, afin de défendre et de promouvoir notre bien commun qu'est la langue française ! En conclusion, je suis donc favorable à la proposition de résolution.

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