Intervention de Jimmy Pahun

Séance en hémicycle du lundi 29 avril 2024 à 15h00
Discussion d'une proposition de loi — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJimmy Pahun :

Il y a dix ans, fuyant une fois de plus la guerre et les persécutions, le peuple assyro-chaldéen reprenait les chemins de l'exode. Les atrocités perpétrées par les soldats de Daech contre les minorités chrétiennes d'Irak et de Syrie ravivaient le douloureux souvenir des crimes commis par les troupes ottomanes contre ces mêmes minorités, cent ans plus tôt, dans cette même région. En effet, entre 1915 et 1918, cette population du nord de la Mésopotamie – région située au sud-est de la Turquie et au nord-ouest de l'Iran – a été pour partie massacrée et déplacée de force par les troupes ottomanes et kurdes.

Nous sommes appelés à reconnaître le caractère génocidaire des crimes commis à l'encontre des populations assyro-chaldéennes et à les condamner comme tels. Les Arméniens et les Assyro-Chaldéens sont des peuples frères, des peuples martyrs, victimes d'un pouvoir ottoman nationaliste et autoritaire devenu génocidaire. Les souffrances des premiers sont cependant mieux connues que celles des seconds.

Le génocide assyro-chaldéen fait l'objet d'une documentation abondante. Les sources directes sont nombreuses et ne laissent aucun doute quant à la réalité et à l'ampleur des exactions subies par les Assyro-Chaldéens. Il est manifeste que leur extermination a été organisée. En 2007, l'Association internationale des spécialistes des génocides a affirmé que « la campagne ottomane contre les minorités chrétiennes de l'Empire entre 1914 et 1923 constituait un génocide contre les Arméniens, les Assyro-Chaldéens et les Grecs pontiques d'Anatolie ».

Au nom du groupe Démocrate, je remercie Sylvain Maillard d'avoir pris l'initiative de déposer ce texte. Il a détaillé les faits avec précision et clarté. Des centaines de milliers d'Assyro-Chaldéens ont souffert les pires atrocités : massacres, pillages, destruction de leurs biens d'expression culturelle, déportation, spoliation de leurs terres et de leurs biens, torture, viols. Il s'est agi d'une tentative d'effacement d'un peuple et de sa culture, dont les témoignages contemporains donnaient déjà à voir la cruauté et le caractère systématique.

Si nous reconnaissons aujourd'hui les souffrances du peuple assyro-chaldéen, c'est pour mieux célébrer son existence : celle de communautés d'hommes et de femmes à la culture millénaire que les épreuves les plus dures et les bourreaux les plus déterminés n'ont su briser. Certains d'entre eux assistent à nos débats et nous regardent du haut des tribunes, non pas en victimes mais en acteurs de leur propre histoire. Je salue, à cet égard, la détermination avec laquelle l'Association des Assyro-Chaldéens de France œuvre en faveur de la reconnaissance du génocide.

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