Intervention de Véronique Louwagie

Séance en hémicycle du lundi 29 avril 2024 à 15h00
Débat d'orientation et de programmation des finances publiques — Reprise du débat

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVéronique Louwagie :

…même si, pour 2024, vous ne tablez plus désormais sur le chiffre totalement utopique de 1,6 %. À 1 %, votre nouvelle prévision, moins extravagante, reste toutefois bien au-dessus du consensus des économistes. Trop optimiste et trop incertaine car vous annoncez des économies spectaculaires mais les développez si peu qu'elles semblent chimériques. Le Haut Conseil ne s'y trompe pas et dénonce « des prévisions qui manquent de crédibilité » et « une documentation qui, à ce stade, reste lacunaire ».

Les seules mesures d'économies nouvelles que vous nous avez annoncées reposent surtout sur les collectivités, dont les comptes sont à l'équilibre, ou sur la sécurité sociale. Pire, selon le Haut Conseil, vos objectifs « manquent de cohérence ». Autrement dit, si jamais vous faisiez les 50 milliards d'euros d'économies promises d'ici à 2027, notre croissance en serait mécaniquement affectée. Ces économies ne suffiraient donc pas à rester dans les clous de vos prévisions de déficit. C'est le serpent qui se mord la queue !

D'autant que votre passif en matière de gestion des comptes publics entame la crédibilité de ces prévisions. Comment croire qu'un gouvernement qui, depuis 2017, a laissé dériver nos comptes comme jamais, qui n'a jamais respecté les prévisions et qui, jusque-là, s'est révélé incapable de faire la moindre économie pourrait réaliser les plus importantes baisses de dépenses de notre histoire budgétaire récente ?

Même à supposer que tout fonctionne, votre trajectoire est trop lente. Vous avez renoncé à réduire notre dette d'ici à 2027, alors que tous nos voisins sont en train d'y parvenir. La charge de notre dette est donc condamnée à croître de façon exponentielle.

On a beau prendre l'équation par tous les côtés, respecter ce pacte de stabilité sera quasiment impossible. Le FMI ne s'y trompe d'ailleurs pas et publie des prévisions très différentes des vôtres. Il anticipe un déficit de 4,3 % en 2027 au lieu des 2,9 % que vous annoncez, et il considère que le déficit français ne sera toujours pas repassé sous les 3 % du PIB en 2029.

La faute originelle tient dans votre gestion des finances publiques depuis 2017, quand vous avez laissé déraper comme jamais les dépenses, le déficit et la dette. Le groupe Les Républicains a d'ailleurs demandé la création d'une commission d'enquête pour faire toute la lumière sur cette dérive.

Votre bilan, messieurs les ministres, c'est 1 000 milliards d'euros de dette supplémentaire depuis 2017, c'est la France qui a désormais le deuxième pire déficit d'Europe et qui, quoi qu'il arrive, sera, en 2026, la dernière de la classe. 2023 restera comme une année noire pour nos finances, avec un déficit à 5,4 % du PIB au lieu des 4,9 % votés en loi de finances.

Ce n'est pourtant pas faute, pour mon groupe, d'avoir multiplié les alertes et les mises en garde. Mais vous nous avez toujours répondu avec désinvolture, comme pour nous dire : « Circulez, il n'y a rien à voir ! » En 2022, vous avez refusé le plan de sobriété bureaucratique des députés des Républicains comme, en 2023, les économies qu'ils proposaient. Cette année, vous nous refusez un projet de loi de finances rectificative, ne détaillez pas vos pistes d'économies et, désormais, parlez de taxer les rentes, c'est-à-dire d'augmenter les impôts !

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