Intervention de Philippe Aghion

Réunion du mardi 26 mars 2024 à 18h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Philippe Aghion, co-président de la Commission de l'intelligence artificielle :

. – Pour développer des capacités de calcul, il demeure nécessaire de produire des semi-conducteurs. Cette filière est aujourd'hui extrêmement concentrée, à Taiwan notamment. Cela ne constitue toutefois pas une fatalité. L'Europe et la France doivent se positionner vis-à-vis des prochaines générations de semi-conducteurs. Au regard de l'ampleur des investissements nécessaires, l'intervention de la puissance publique apparaît indispensable. Il s'agit d'un enjeu de souveraineté et de compétitivité.

En matière de formation, nous recommandons une sensibilisation, dès la petite école, aux bons et mauvais usages de l'IA. Nous préconisons également le développement d'actions de sensibilisation auprès du grand public, au travers de « cafés IA », de débats, etc. En parallèle, l'enjeu sera d'introduire de l'IA dans tous les domaines d'enseignement et de formation. Des spécialistes de l'IA devront également être formés pour déployer l'IA dans les entreprises et les administrations. Une articulation devra être trouvée entre ces trois niveaux.

Je souhaiterais également aborder la question de la concurrence. La politique industrielle et la politique de concurrence sont souvent opposées. La politique de concurrence empêche souvent toute aide sectorielle d'état ; la politique industrielle écarte quant à elle souvent le développement de la concurrence. Or ces deux politiques doivent être articulées. Certains secteurs ou segments sont aujourd'hui dominés par un faible nombre d'acteurs, ce qui plombe la croissance. Le cloud est ainsi dominé par Amazon, Google et Microsoft. Il nous faut donc agir sur la concurrence. Le Digital Market Act (DMA) vise aujourd'hui à prévenir les abus de position dominante. Ce dispositif nécessiterait d'être complété et étendu, pour couvrir l'ensemble de la chaîne de valeur de l'IA. L' open source a également vocation à faciliter l'évaluation par des tiers (pour améliorer et sécuriser les modèles), à favoriser la personnalisation des modèles (et donc leur adaptation à différents contextes, linguistiques notamment), à réduire l'empreinte environnementale de l'IA (en évitant que chacun réentraîne son propre modèle de fondation) et à abaisser les barrières à l'entrée (pour permettre l'entrée de nouvelles entreprises et dynamiser la concurrence).

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion