Intervention de Philippe Aghion

Réunion du mardi 26 mars 2024 à 18h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Philippe Aghion, co-président de la Commission de l'intelligence artificielle :

. – Les externalités de croissance justifient un investissement public dans l'IA. De surcroît, si nous ne faisons rien, nous serons confrontés à deux dangers : nous risquons d'être dépourvus d'entreprises spécialisées dans l'IA et de voir nos entreprises existantes perdre en compétitivité. Aucun secteur n'est à l'abri des transformations liées à l'IA. Par le passé, les pays s'étant tenus à l'écart d'une révolution technologique ont été déclassés au plan économique et dominés au plan géopolitique. Si nous n'investissons pas suffisamment dans l'IA, nous risquons donc d'être perdants, alors même que nous disposons de talents et d'atouts formidables.

L'idée serait cependant de promouvoir un partenariat public-privé. Les chemins de fer ont été construits ainsi en France. L'idée ne serait donc pas de tout renvoyer à l'investissement public. Le fonds que nous recommandons pour financer l'émergence d'un écosystème autour de l'IA et la transformation numérique de l'ensemble du tissu économique et des services publics français serait doté de 10 milliards d'euros, dont 3 milliards d'euros de capitaux publics et 7 milliards de capitaux privés. Ce levier de financement par le secteur privé aurait vocation à mobiliser principalement les grandes entreprises – la France ne disposant pas, au contraire des États-Unis, d'investisseurs institutionnels de type fonds de pension. La politique industrielle moderne est ainsi faite. L'investissement public a vocation à entraîner, en préservant la concurrence et l' open source, l'investissement privé. La DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency) et la BARDA (Biomedical Advanced Research and Development Agency) ont ainsi joué leur rôle aux États-Unis dans les secteurs de la défense et des vaccins.

Pour ce qui est de la protection des données, la logique de contrôle du RGPD est aujourd'hui largement ex post, tandis que celle de la Cnil demeure ex ante (avec un régime d'autorisation préalable). Tout en renforçant le rôle de la Cnil, l'idée serait d'aller davantage vers une logique ex post, dans le domaine de la santé notamment, pour dynamiser la recherche et l'innovation en santé. Nous disposons en France de formidables données de santé, de formidables chercheurs et d'un corps médical extraordinaire. Nous pourrions donc être les meilleurs dans ce domaine.

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