Intervention de Anne Bouverot

Réunion du mardi 26 mars 2024 à 18h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Anne Bouverot, co-présidente de la Commission de l'intelligence artificielle :

. – Mesdames et Messieurs les députés et sénateurs, la Commission de l'intelligence artificielle a été constituée, en septembre 2023, de 15 experts, assistés de 15 rapporteurs. Dans le cadre de nos travaux, nous avons auditionné plus de 600 personnes. Nous avons mené une consultation nationale grâce à l'application Agora, auprès d'environ 7 000 personnes. Nous avons également échangé dans le cadre de réunions plénières, tous les vendredis au Collège de France. Je salue l'engagement très fort de toutes les personnes ayant contribué à ce travail collectif.

À partir de cette matière, notre rapport a été conçu pour être à la fois pédagogique, didactique et consommable de différentes manières, avec un résumé, des chapitres consacrés aux différents sujets d'intérêt – l'éducation, la culture, la puissance de calcul, etc. – et un ensemble de recommandations.

Vous l'avez souligné, l'IA est une révolution technologique, qui progresse à une vitesse sans précédent. Il a fallu 5 jours à ChatGPT pour obtenir 1 million d'utilisateurs. Or il avait fallu 2,5 mois à Instagram et 3,5 ans à Netflix pour obtenir le même nombre d'utilisateurs. Ce développement rapide nous impose de réagir rapidement.

Le rapport produit en 2018 par Cédric Villani était d'une excellente qualité. Nous avons d'ailleurs échangé avec lui dans le cadre de nos travaux. Cependant, nous sommes désormais appelés à franchir une autre étape. Nous pensons qu'il faudra pour cela aller plus vite et investir davantage.

Dans cette révolution extrêmement rapide et sans précédent, la France et l'Europe ne font pas la course en tête. Les États-Unis ont d'ores et déjà une économie du numérique deux à trois fois plus importante. La Chine met en œuvre des plans d'investissement massifs et à long terme. L'Arabie saoudite vient d'annoncer un projet d'investissement de 40 milliards dans le domaine de l'IA. Des initiatives significatives, privées et publiques, sont ainsi lancées à travers le monde.

Comme toute technologie, l'IA est porteuse de risques, sociétaux et environnementaux notamment. Il semble donc important de nous pencher dès à présent sur ces risques, pour pouvoir les maîtriser collectivement. Vis-à-vis des réseaux sociaux, nous n'avons pris conscience que tardivement de certains risques. L'enjeu est d'éviter de reproduire ce schéma avec l'IA.

En parallèle, l'IA est également une source d'opportunités, que nous nous sommes efforcés de mettre en évidence, avec un optimisme raisonné. Il y a là pour la France un véritable potentiel de croissance, de création d'emplois et de bénéfices sociaux et sociétaux.

Avant de présenter nos recommandations, je laisserai le soin à Philippe Aghion de détailler le travail réalisé par notre commission, au travers d'études inédites et très éclairantes, sur l'impact économique et sur le travail de l'IA.

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