Intervention de Bernard Farges

Réunion du mardi 2 avril 2024 à 16h30
Commission d'enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté alimentaire de la france

Bernard Farges, président du Comité national des interprofessions des vins d'appellation d'origine et à indication géographique :

L'importation de vin espagnol en France n'est pas la cause de nos difficultés. Il y a certes des problèmes tenant à la francisation ; un certain flou est parfois entretenu dans la présentation. La DGCCRF (direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) se penche sur ces pratiques, qui nécessitent un recadrage. Une grande partie des 6 millions d'hectolitres importés sont réexportés, en particulier vers la Chine. Cela concerne des vins bas de gamme et d'entrée de gamme. Nous achetons à l'Italie des vins tels que le prosecco, mais cela ne représente pas des quantités extraordinaires. Le consommateur français est très chauvin, ce dont nous nous félicitons !

Il y a en effet de la surtranposition, par exemple en matière d'utilisation de matières actives destinées à la défense des végétaux ou au travail à la vigne. Je pense au glyphosate et à d'autres molécules qui ont été interdites en France mais demeurent autorisées à l'étranger.

Afin d'éviter des impasses, nous travaillons intensément avec le Gouvernement et les équipes ministérielles sur le Plan d'action stratégique pour l'anticipation du potentiel retrait européen des substances actives et le développement de techniques alternatives pour la protection des cultures (PARSADA). Toutefois, rien n'est acquis. Il est essentiel que l'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) ne soit pas la seule à décider : le politique doit reprendre la main.

Pour nous viticulteurs, il n'est pas question de considérer que des molécules qui ont disparu depuis vingt ans doivent revenir. En tant qu'utilisateurs, parents, employeurs, habitants de nos villages et consommateurs, nous estimons qu'il est heureux que de tels produits aient disparu. Nous devons nous engager dans cette transition mais il nous faut garder notre capacité à produire en conservant les molécules qui le permettent, tout en investissant fortement pour trouver des solutions de remplacement.

La filière étant capable d'exporter, elle est moins tributaire de ces enjeux que d'autres secteurs. Nous sommes aussi moins confrontés à des problèmes de concurrence, notamment sur les salaires, que certaines filières recourant à une main-d'œuvre plus importante.

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