Intervention de Alexandre Portier

Séance en hémicycle du lundi 8 avril 2024 à 21h45
Accompagnement humain des élèves en situation de handicap — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexandre Portier :

Ces dernières se sentent souvent seules et impuissantes face à un enchevêtrement de démarches complexes et opaques, qu'elles décrivent comme un véritable mur administratif. Humainement, le recours massif aux AESH – qui forment le deuxième métier de l'éducation nationale, comme la ministre l'a rappelé à raison – apparaît comme une réponse partielle et problématique, notamment par son instabilité. Quand un enfant peut être suivi par jusqu'à huit AESH différents au cours d'une même année, le système est clairement contre-productif, encore plus lorsqu'il s'agit de gérer certains troubles comme l'autisme.

Que dire, aussi, de la formation des AESH, qui se limite, de façon assez inédite, à soixante heures dispensées après leur recrutement – quand elle a lieu et ne se résume pas à la remise en mains propres d'une clé USB, comme cela nous a été rapporté au cours des auditions ? Pourquoi, ensuite, l'expérience acquise par les AESH au fil des années n'est-elle pas systématiquement valorisée lors de leur affectation ? Est-ce pour ne pas les payer correctement qu'on refuse de valoriser leur savoir-faire et les compétences acquises, comme on le fait pour tout métier ?

On le voit : il n'est plus acceptable de repousser plus longtemps la grande réponse qui doit être apportée au défi du handicap à l'école ni de se cacher derrière le dogme du tout inclusif pour masquer le fait que l'État, en la matière, fait des économies sur le dos de l'école, des enseignants et des AESH. La situation invraisemblable à laquelle sont confrontés ces derniers n'est que la face émergée de l'iceberg. Si nous voulons y remédier, il faudra non seulement du courage, mais aussi des moyens, car ce n'est pas à coups de tapes sur l'épaule qu'on permettra à l'école d'être à la hauteur de la promesse républicaine, et à la France d'être à la hauteur de sa vocation humaniste.

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