Intervention de Patricia Bourgeois

Réunion du jeudi 21 mars 2024 à 15h00
Commission d'enquête sur la gestion des risques naturels majeurs dans les territoires d'outre-mer

Patricia Bourgeois, directrice de la Direction des territoires, de l'alimentation et de la mer (DTAM 975) :

Je débuterai par le sujet de la relocalisation du village de Miquelon. Si nous avons déjà évoqué certains des risques naturels et des phénomènes atmosphériques auxquels est soumis le territoire, tels que les cyclones et les tempêtes de neige hivernales, il convient également de citer les risques d'inondation par submersion. À ceux-ci sont liés des phénomènes de vulnérabilité du territoire, puisque toute la population est située sur la côte, en particulier le village de Miquelon, où les habitations font face à une concentration des risques naturels. Les études menées entre 2010 et 2014, visant à caractériser les risques auxquels est soumis l'ensemble de l'archipel, ont abouti à la prescription d'un plan de prévention des risques littoraux (PPRL) approuvé en 2018. Concernant le village de Miquelon, ce plan a démontré que toutes les habitations étaient soumises aux risques submersion et inondation, auxquels s'ajoute aujourd'hui le phénomène des remontées de nappes sous le village. L'endroit est donc particulièrement contraint, notamment du fait des impacts du règlement sur l'urbanisation du site. Afin de tenir compte de la qualification de ces risques, il a tout d'abord été décidé de réaliser un programme d'action pour la prévention des inondations (Papi), contenant des actions concrètes de réduction du risque et de mise à l'abri des populations, ainsi qu'un important volet sur la sensibilisation.

À la suite de ce Papi, finalisé en 2021 et dont la convention a été signée en 2022, a également été lancée la démarche « Atelier des Territoires » portée par le ministère de l'écologie. À travers cette démarche participative de concertation citoyenne, menée en 2022 et 2023, les habitants de la commune ont été invités, au cours de réunions publiques et d'ateliers, à réfléchir aux moyens d'anticiper ce risque et d'envisager des stratégies différentes de celles de la protection du village. C'est au fil de ces échanges, dans lesquels ont notamment été impliqués les établissements scolaires, qu'a émergé l'objectif de relocaliser le village dans une zone mieux préservée des risques. Ce projet permet tout d'abord de lever la contrainte de l'urbanisation, car, du fait du PPRL, le village de Miquelon ne peut plus s'étendre et les constructions neuves dans les dents creuses sont limitées. Il permet également aux habitants de se projeter ailleurs et d'espérer que leur village perdure.

Cette stratégie, bâtie sur deux ans, est désormais entrée dans sa phase opérationnelle avec l'embauche d'une maîtrise d'œuvre urbaine qui commence dès cette semaine son travail sur le terrain. Plusieurs études (environnementales, foncières, révision du document d'urbanisme du territoire) ont été lancées par la commune afin d'aboutir, d'ici à la fin de l'année, aux autorisations réglementaires qui permettront d'ouvrir le nouveau secteur à l'urbanisation avec la délivrance des premiers permis de construire et le lancement des travaux pour la viabilisation des parcelles. La stratégie de déplacement se base à la fois sur le volontariat et sur du long terme, puisque le déplacement complet du village nécessitera cinquante à soixante-quinze ans. Une première phase, qualifiée d'urgente, doit néanmoins être réalisée dans les prochains mois afin de répondre aux premières demandes des habitants qui souhaitent se déplacer et des primo-accédants qui souhaitent d'emblée construire à l'abri. Ce dossier, à la fois complexe et éminemment symbolique au regard de l'impact du changement climatique sur le territoire, bénéficie d'un réel portage politique de la part des acteurs locaux.

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