Intervention de Estelle Youssouffa

Séance en hémicycle du mercredi 27 mars 2024 à 14h00
Prévention des ingérences étrangères en france — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEstelle Youssouffa :

Le groupe LIOT votera sans réserve pour cette proposition de loi visant à prévenir les ingérences étrangères en France. Nous connaissons le contexte global, marqué par une escalade de telles ingérences, exercées notamment par la Russie à travers des campagnes de désinformation d'une ampleur sans précédent. Dans un climat de guerre informationnelle d'une agressivité inédite, notre intégrité territoriale et nos intérêts nationaux sont visés et la menace est bien présente, comme l'illustrent les récentes cyberattaques pro-russes ciblant certains de nos ministères. Nous soutenons donc cette proposition de loi, qui renforcera nos capacités répressives et préventives face à toute forme d'ingérence, en améliorant l'identification de l'influence étrangère par la création d'un registre, en généralisant la technique dite des boîtes noires face aux menaces étrangères, et en renforçant les sanctions économiques. Notre groupe, conscient des risques que les ingérences font peser sur nos institutions et sur la cohésion de notre pays, votera ce texte.

Néanmoins, il est clair que ces mesures, bien qu'essentielles, ne sont pas la panacée : elles doivent s'accompagner d'un engagement diplomatique résolu, notamment en ce qui concerne les menaces que subit le département où j'ai été élue. Permettez-moi en effet d'insister sur le caractère particulier de la situation à Mayotte, seul territoire de la République directement menacé et qui subit une déstabilisation agressive dont nous estimons qu'elle n'est pas prise suffisamment au sérieux dans cette assemblée.

Les Comores, vous le savez, utilisent l'arme migratoire et démographique pour déstabiliser notre département et contester la souveraineté de la France. Notre cher voisin – un prétendu partenaire – instrumentalise les flux migratoires pour asseoir son projet d'annexion de Mayotte. Le Quai d'Orsay a choisi de conduire à l'égard de Moroni une politique d'accommodement coupable, dont nous constatons qu'elle ne fonctionne pas. Cette stratégie d'instrumentalisation des flux migratoires, qualifiée de menace hybride par l'Otan, a pour conséquence directe l'aggravation de la crise sociale, économique et sécuritaire à Mayotte et déstabilise fortement le département. L'île fait face à des flux migratoires incontrôlés et à des arrivées quotidiennes orchestrées par notre voisin, qui envoie non seulement sa propre population, mais aussi, depuis quelques années, des migrants arrivés du continent africain. Cette situation critique alimente la colère et le désarroi des Mahorais, témoins de l'effondrement progressif des services publics et de la cohésion sociale de l'île.

Le Quai d'Orsay, en optant pour cette politique d'accommodement avec Moroni, semble avoir largement sous-estimé la détermination des Comores à utiliser tous les moyens à leur disposition pour revendiquer Mayotte. Cette approche a non seulement échoué à apaiser les tensions, mais a permis aux Comores de renforcer ses liens avec des puissances étrangères telles que Moscou et Beijing. Nous avons vu ici les alliés des Comores tenter de bloquer puis d'affaiblir cette proposition de loi qui doit outiller notre pays face à la déstabilisation et aux ingérences. Finalement, ce débat aura permis de démasquer celles et ceux qui contestent ouvertement le caractère français de Mayotte et le choix de la majorité de Mahorais, exprimé à plusieurs reprises dans les urnes, de rester français. Certains ici aident et défendent les Comores qui entendent procéder à l'annexion de Mayotte en déstabilisant notre département.

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