Intervention de Marie-Christine Saragosse

Réunion du jeudi 7 mars 2024 à 9h00
Commission d'enquête sur l'attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de services de télévision à caractère national sur la télévision numérique terrestre

Marie-Christine Saragosse, présidente de France Médias Monde :

En effet, mais les tweets incriminés avaient été publiés plusieurs années auparavant, avant même qu'elle travaille pour France 24. Elle n'en avait pas écrit depuis son recrutement. Au passage, je précise qu'elle était palestinienne.

La troisième personne que vous avez citée, également palestinienne, était correspondante à Genève ; elle ne travaille plus avec nous.

Sharif Bibi a publié un tweet problématique en 2011, le jour de la mort de son frère palestinien. Il n'a ensuite plus jamais tenu de propos susceptibles d'être considérés comme antisémites. Même les médias en ligne les plus intransigeants ne le considèrent pas comme, disons, irrécupérable. Il travaille pour France Médias Monde, et on n'entend pas du tout parler de lui.

Laila Odeh, enfin, n'a pas tenu de propos antisémites. Elle a peut-être en effet utilisé le mot « martyr », très fréquemment employé en ce moment, avec les événements qui ont lieu à Gaza. Nous lui avons fait un rappel à l'ordre et nous lui avons expliqué la charte, traduite en arabe. Une formation a été dispensée. Si elle tenait des propos déplacés à l'antenne, la loi française s'appliquerait et nous pourrions saisir la justice. Le cas ne s'est jamais présenté.

Le conflit auquel nous assistons depuis le 7 octobre dernier est si clivant et radicalisant qu'il est très difficile de maintenir l'équilibre. C'est très douloureux et le travail des chaînes arabes est difficile. S'agissant de ce conflit, les nuances sont bien rares dans notre paysage audiovisuel et je peux vous assurer qu'une chaîne en arabe qui en apporte, comme le fait France 24, est décriée des deux côtés. Notre média arabophone perd de l'audience, au profit d'Al-Jazira, qui en a gagné 25 % au Maghreb ces dernières semaines. Nos journalistes arabophones subissent des attaques de haine en ligne, parce qu'ils seraient pro-sionistes et ne soutiendraient pas le peuple palestinien. Il faut prendre conscience de la difficulté, pour une chaîne de service public en arabe, à préserver l'équilibre dans la couverture d'un tel conflit. Je défie d'ailleurs tout le monde de faire l'unanimité : en général, on fait plutôt l'unanimité contre soi, en étant à la fois accusé d'antisémitisme et de pro-sionisme. C'est ce qui arrive à notre chaîne arabe.

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