Intervention de Delphine Ernotte Cunci

Réunion du jeudi 7 mars 2024 à 9h00
Commission d'enquête sur l'attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de services de télévision à caractère national sur la télévision numérique terrestre

Delphine Ernotte Cunci, présidente-directrice générale de France Télévisions :

Je vais faire comme les journalistes de France Télévisions : resituer le contexte. La phrase que j'ai prononcée, et que certains ont beaucoup exploitée, ne décrit en rien la façon dont France Télévisions doit représenter le monde ou traduire l'information : je parlais de notre obligation de mixité et de la place des experts sur nos plateaux. Notre contrat d'objectifs et de moyens nous assigne l'objectif d'inviter 50 % de femmes expertes sur nos plateaux, ce que je comprends et assume totalement – je ne suis pas en train de dire que l'on me force la main. Cependant, il n'y a malheureusement pas aujourd'hui, en France, 50 % de femmes parmi les scientifiques. C'est dans ce cadre-là que j'indiquais que, d'une certaine manière, nous étions obligés de tordre un peu la réalité pour inviter 50 % de femmes expertes, tout en émettant le souhait que notre société devienne de plus en plus mixte, notamment pour les postes à responsabilité. De même, nous pourrions avoir des difficultés à trouver, dans certains secteurs qui se féminisent beaucoup, 50 % d'hommes parmi les experts ; nous chercherions alors à atteindre la mixité avec la même rigueur.

Je ne commenterai pas le travail des journalistes qui ont réalisé le « Complément d'enquête » sur Jordan Bardella. Ils travaillent de manière indépendante, et c'est très bien. Cette émission fait en réalité assez peu de portraits politiques. Je tiens à votre disposition la liste des sujets qu'elle a traités, vous constaterez que l'échiquier politique y est représenté de manière équilibrée. Si le patron de l'information a demandé de ne pas réaliser de nouveau portrait pour le moment, c'est parce que nous entrons dans une période un peu compliquée, avec des temps de parole extrêmement contraints en raison des prochaines élections européennes : si nous diffusions un « Complément d'enquête » sur une personnalité politique en mars, il nous serait impossible de rétablir l'équilibre avant le scrutin et de respecter ainsi l'obligation de pluralisme à laquelle nous sommes soumis. C'est aussi simple que cela. Cela ne veut pas dire que nous ne ferons pas, à l'avenir, d'autres portraits politiques – nous continuerons sans doute, toujours avec le même souci d'équilibre. Ce n'est toutefois pas la vocation première de « Complément d'enquête », qui en réalise quatre par an. Enfin, si nous avons choisi Jordan Bardella, c'est parce qu'il est le président de son parti et que nous nous attachons aux grandes personnalités politiques.

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