Intervention de Sabrina Mathiot

Réunion du lundi 26 février 2024 à 15h00
Commission d'enquête sur la gestion des risques naturels majeurs dans les territoires d'outre-mer

Sabrina Mathiot, directrice de l'Union sociale pour l'habitat outre-mer (Ushom) :

Je ne dispose pas des chiffres exacts concernant l'assurabilité ; on pourra interroger les bailleurs. Après le passage d'Irma, Saint-Martin a subi un triplement du montant des primes d'assurance, ce qui n'est pas admissible, à moins de considérer que la solidarité nationale se limite à l'Hexagone et qu'il faut créer un fonds spécifique pour les outre-mer. On a déjà connu ce type de fonds ; personnellement, je n'y suis pas favorable. L'assurance et la réassurance sont des questions importantes, pas seulement pour l'habitat : je pense, par exemple, au fonds de secours pour les outre-mer (FSOM), qui est un fonds particulier dédié, entre autres, aux agriculteurs.

On doit mener une réflexion sur la mutualisation de l'assurance avec l'ensemble du territoire hexagonal. Rappelons que plus de 20 millions de personnes, dans l'Hexagone, vivent dans des zones potentiellement inondables : le risque y est donc aussi présent. La question est de savoir ce que l'on admet. Il faut, à mon sens, prendre des mesures comparables à celles qui avaient été décidées en 1978 dans le cadre de la « loi Spinetta » concernant l'assurance dommages-ouvrage. On devrait soumettre les assurances à certaines obligations, dans des conditions raisonnables. Un travail législatif est à mener en cette matière.

Faut-il bâtir uniquement selon des normes anticycloniques, quitte à augmenter considérablement le prix de la construction ? Les phénomènes climatiques devraient certainement s'aggraver mais l'essentiel me paraît être de sauver des vies sans essayer de sauvegarder l'ensemble du patrimoine, car cela serait difficilement finançable. Des pays parmi les plus développés, tel Singapour, construisent des logements comportant un lieu sécurisé – une sorte de bunker – mais n'appliquent pas nécessairement de normes paracycloniques ou antisismiques partout. C'est ce que l'on fait en matière de sécurité incendie, en prévoyant, par exemple, que la cage d'escalier doit être calfeutrée. Cela nécessite un réexamen complet de notre façon de voir les choses et de notre conception de la sécurité.

Les vents, qui ont soufflé à 300 kilomètres par heure avec Irma, atteindront peut-être, demain, 350 kilomètres par heure. Dès lors, où placer la limite ? On risque de s'engager dans une fuite en avant.

La crise du logement en outre-mer est autrement plus importante que dans l'Hexagone : on y compte 150 000 logements insalubres et de nombreux objectifs restent à atteindre. Dans le même temps, on veut tout sécuriser. Cette réflexion vaut aussi pour la France hexagonale. Il faut repenser notre manière de sécuriser les lieux.

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