Intervention de Thomas Bauder

Réunion du jeudi 29 février 2024 à 9h00
Commission d'enquête sur l'attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de services de télévision à caractère national sur la télévision numérique terrestre

Thomas Bauder, directeur de l'information de CNews :

La conférence la plus importante est celle de neuf heures, que je préside et anime. Toutes les chaînes d'information comptent deux rédacteurs en chef jour, qui assurent en alternance la supervision éditoriale, du lundi au dimanche : celui qui est présent m'accompagne. Sont également présents les responsables des différentes tranches concernées : le présentateur ou la présentatrice, le bocalier – c'est-à-dire le rédacteur en chef adjoint, le bocal étant le poste de pilotage de l'information et de construction des conducteurs d'émissions en temps réel – et le chef d'édition. Sont également présents le service programmation et, en fonction de leur disponibilité, les responsables du service politique et du service police-justice. Le journaliste du service international ou celui du service économique peuvent aussi participer, sans oublier les assistants d'édition. J'ai une vision assez collégiale et ouverte de la conférence de rédaction : les journalistes, reporters et grands reporters y sont admis, y compris les jeunes, car c'est un lieu d'échanges, de discussions et de formation.

Cette conférence n'est pas une assemblée générale : nous ne débattons pas à partir de rien. Je suis en veille, dès six heures du matin, sur les matinales de la concurrence. J'écoute celle de CNews, bien sûr, et je vérifie qu'elle correspond à la note produite la veille lors de la conférence de rédaction de dix-huit heures quarante-cinq. Lorsque j'arrive à la rédaction, j'échange avec Serge Nedjar et je prépare la conférence avec le rédacteur en chef jour.

Au cours de la conférence, je donne les grands thèmes des différentes tranches. Je sais que certains fantasment à cet égard : nous ne parlerions plus que de quatre ou cinq thèmes par jour et nous tournerions en boucle autour de sujets récurrents. Je vous rappelle ce que je vous ai déjà dit tout à l'heure : l'AFP produit 5 000 dépêches par jour. Personne ne les lit toutes ! Même le plus grand papivore de cette pièce, en lisant Le Parisien, Le Figaro, Libération, L'Humanité, L'Opinion, Les Échos, Le Monde et des magazines ne peut pas absorber autant d'informations !

Les journaux télévisés de vingt heures de TF1 et de France 2 ne comptent que quatre titres d'information, suivis de sujets moins essentiels ou moins urgents, puis d'une partie magazine. Dans le modèle de l'information, il y a toujours quatre titres principaux ou lead. Les plus importants d'entre eux, qui donneront lieu à débat, nécessitent soit une expertise soit des points de vue différents. Je détermine alors, avec le rédacteur en chef et le présentateur, ou la présentatrice, la meilleure articulation : avons-nous besoin d'un journaliste spécialisé, d'un reportage, d'un encadré, d'une présentation ? Le souhaitons-nous ? De quoi le présentateur, qui est aussi rédacteur en chef, estime-t-il avoir besoin pour lancer le débat ? Pascal Praud vient souvent me voir, par exemple, pour me demander un reportage présentant les faits ou pour solliciter l'intervention en plateau – ou en duplex – d'un membre du service police-justice. Nous cherchons ainsi à construire la meilleure proposition éditoriale et de débats aux téléspectateurs de CNews. C'est un travail permanent : nous sortons de la conférence de rédaction avec un chemin de fer qui peut évoluer en fonction de l'actualité : il peut nous arriver de changer les ouvertures, le débat ou encore le plateau. C'est ce que j'appelle une conférence de rédaction permanente. Certains ici le savent bien puisqu'il y a, au sein de cette assemblée, d'anciens journalistes.

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