Intervention de Sophie Blanc

Séance en hémicycle du jeudi 1er février 2024 à 21h30
Pérenniser les jardins d'enfants — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSophie Blanc :

Décider de scolariser les enfants à partir de 3 ans est à la fois un choix politique et un choix de société, qui se heurte en l'espèce à l'offre de jardins d'enfants, système social et populaire qui donne satisfaction. Issue du programme éducatif du candidat Hollande à l'élection présidentielle, la scolarisation à 3 ans a été mise en place, une fois ce dernier élu, par son ministre Vincent Peillon. Si cette mesure a des effets bénéfiques pour certains enfants, le jardin d'enfants aussi.

Les récentes mésaventures de l'actuelle ministre de l'éducation en sont un exemple : il n'existe pas un seul type d'enfant et ils ne rentrent pas tous dans la même case, pas plus qu'ils ne sont tous adaptés à la scolarisation dans la même structure.

La politique de l'éducation nationale fluctue toujours au gré des annonces et de la communication, sans nous proposer de vision claire, qu'elle soit politique ou éducative, sans nous apporter de réponse aux questions suivantes : que voulons-nous pour nos enfants ? Quelle politique pour l'inclusion des enfants handicapés au sein de l'école ? Quel programme de formation continue pour les éducateurs des jardins d'enfants ? Quel niveau d'apprentissage est-il attendu pour l'entrée en CP des enfants ? Impossible d'arriver quelque part quand on ne connaît pas la direction à prendre !

Ces questions sans réponse, faute d'une politique claire, produisent de petits textes parcellaires et techniques qui, loin de donner une vision et un cap, essayent de pallier les défauts d'une loi mal écrite. Le récent passage de Gabriel Attal au ministère de l'éducation nous a montré les vertus de la communication sous la présidence d'Emmanuel Macron ; cette technique de la parole autoréalisatrice procure bien plus de frustration qu'elle ne produit d'effet sur le terrain.

La fin programmée du système des jardins d'enfants en septembre 2024 repose ce problème de choix de société, d'autant plus que le taux d'encadrement dans les jardins d'enfants favorise l'accueil des petits en situation de handicap, un sujet complexe à traiter au sein de l'éducation nationale. Un tel taux d'encadrement constitue un réel avantage pour l'accueil d'enfants qui requièrent plus d'attention et qui ont besoin d'être inclus dans des structures mixtes pourvues d'encadrants afin de leur permettre de s'épanouir. Ces structures sont vraiment adaptées pour ces enfants.

On peut soulever la question de l'écart pédagogique entre enfants scolarisés en école maternelle et enfants placés en jardin d'enfants, les éducateurs qui animent les seconds n'ayant pas le même parcours universitaire que les professeurs qui œuvrent dans les premières. Aussi, l'éducation nationale et le corps de l'inspection doivent veiller à ce que le niveau attendu soit homogène selon les différentes structures.

Les jardins d'enfants concernés par la loi Blanquer et donc par cette proposition de loi sont une minorité. Néanmoins, il n'y a pas lieu de s'opposer à leur pérennisation. L'instruction obligatoire dès 3 ans était loin d'être une mesure nécessaire car 95 % des enfants de cet âge sont déjà scolarisés. Il appartient aux parents de choisir ce qui est le mieux pour leur enfant à cet âge ; l'essentiel est qu'ils soient satisfaits par l'offre pédagogique des jardins d'enfants et que cela n'entraîne pas de disparités de niveau entre élèves à l'entrée au CP.

Nous pouvons donc voter pour cette proposition de loi et ses trois articles, tout en regrettant de ne toujours pas avoir de vision claire de la politique de l'éducation nationale, dont la ministre semble sur la sellette avant même de s'être réellement installée rue de Grenelle.

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