Intervention de Hadrien Clouet

Séance en hémicycle du jeudi 1er février 2024 à 9h00
Encadrer l'intervention des cabinets de conseil privés — Article 2

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHadrien Clouet :

Il vise à exiger de toute administration évaluée par un cabinet de conseil qu'elle informe ses agents du fait qu'une évaluation est en cours. Pourquoi demandons-nous la bonne information des personnes concernées par une prestation de conseil extérieure ? D'abord parce que de plus en plus de cabinets, comme Boston Consulting Group ou Capgemini, envoient certains de leurs personnels au sein des équipes évaluées pour observer leur manière de travailler. C'est par exemple le cas en milieu hospitalier : un consultant est délégué pour s'intégrer à l'équipe, malheureusement durant une poignée d'heures, souvent quelques jours – mais c'est à partir de cette expérience qu'il émettra un jugement général concernant la manière dont il faudrait modifier l'organisation du travail.

Cela pose une série de problèmes. D'abord, le fait d'observer à leur insu des médecins, infirmiers, aides-soignants relève d'une logique d'espionnage, qui les conduit à un sentiment d'insécurité dans leur travail. C'est donc en premier lieu une question d'honnêteté.

Le deuxième problème tient à ce que l'on évalue toujours les agents, jamais leur hiérarchie. Cette méthode vise donc systématiquement à blanchir, à disculper ceux qui prennent des décisions au niveau des directions administratives.

Troisièmement, une telle méthode empêche toute réflexion collective. Si quelqu'un vient secrètement vous regarder travailler, c'est qu'on ne vous réunira pas, vos collègues et vous, pour réfléchir à l'organisation du travail : des gens de l'extérieur, qui ne connaissent pas votre métier, vous espionnent, en concluent ce qui est bon pour vous, et on vous impose des changements aberrants. J'ai évoqué l'exemple hospitalier parce qu'il est particulièrement parlant : à l'hôpital public, on a envoyé des consultants qui, après quatre jours, décrétaient que le personnel faisait trop de pauses ! Ils expliquaient ainsi que le temps de soudure, de transition entre deux équipes était trop long, parce que les infirmières s'y parlaient durant quinze minutes des traitements administrés aux patients. Je ne suis pas d'accord avec cette méthode : il faut y mettre fin !

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