Intervention de Michel Boyon

Réunion du jeudi 25 janvier 2024 à 14h00
Commission d'enquête sur l'attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de services de télévision à caractère national sur la télévision numérique terrestre

Michel Boyon, conseiller d'État honoraire, ancien président du Conseil supérieur de l'audiovisuel de 2007 à 2013 :

Je suis toujours très heureux de parler de la télévision numérique terrestre (TNT), dès lors que l'on ne s'éloigne pas trop de la réalité.

Je commencerai par un rappel historique. En 2002, le Premier ministre, M. Jean-Pierre Raffarin, me convoque et me demande ce qu'il doit faire des dispositions de la loi du 1er août 2000 sur la télévision numérique terrestre : certaines personnes lui conseillent de foncer – c'est notamment le cas de Dominique Baudis, alors président du conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) – mais les ministres et les professionnels sont très divisés. J'étais très flatté que le Premier ministre me demande de répondre à une question qui lui incombait. Je lui ai répondu qu'au XXIe siècle, ce n'était plus à l'État de dire comment les Français devaient regarder la télévision.

Après avoir auditionné un grand nombre de personnes au cours de la mission qui m'a été confiée, la TNT m'est apparue comme un procédé techniquement fiable et économiquement acceptable, qui répondait en outre au souhait de la population de disposer de chaînes supplémentaires – toutes les enquêtes d'opinion montraient en effet que les téléspectateurs se plaignaient d'une offre télévisuelle trop ramassée. J'en ai conclu qu'il fallait donner sa chance à la TNT. C'est l'optique que le Gouvernement a retenue. Cela n'a pas fait plaisir à tous les professionnels, qui ont compris que cela serait un facteur de concurrence, alors que certains d'entre eux avaient des positions bien établies.

Je tiens à rendre un hommage très appuyé à Dominique Baudis, qui a bravé de fortes oppositions pour que la télévision numérique terrestre voie le jour ; sans lui, le processus aurait été beaucoup moins rapide et beaucoup moins efficace. Après le dépôt de mon rapport, nous avons travaillé ensemble à la mise en place concrète de la télévision numérique terrestre.

Depuis, la TNT s'est développée et le nombre des chaînes a augmenté – ce dernier point est complexe et mérite d'ailleurs que l'on y réfléchisse –, surmontant toute une série d'innovations techniques, dont la haute définition. Ce procédé de diffusion de la télévision a fait ses preuves et répond à une attente : ce sont des données qu'il faut avoir présentes à l'esprit quand on réfléchit à l'avenir de la TNT.

Je crois beaucoup dans l'avenir de la TNT parce qu'elle présente des avantages considérables – simplicité, gratuité – par rapport à tous les autres modes de diffusion. Surtout, elle permet une régulation efficace sur les chaînes les plus facilement accessibles au public, notamment sur les questions sociétales. S'il n'y avait pas eu la TNT, je ne vois pas ce qu'on aurait pu faire vis-à-vis des chaînes qui nous auraient envahis par le satellite, par le câble, etc.

La TNT est un trésor qu'il faut préserver. Un nombre important de foyers regardent la télévision exclusivement par ce biais, et pas seulement en milieu rural, contrairement à ce que l'on pourrait penser. Les chaînes qui ont été lancées en 2012 recueillent désormais 21 % à 22 % de l'audience totale de la télévision, ce qui est bien la preuve que cela répondait à une attente.

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