Intervention de Grégory Allione

Réunion du jeudi 9 novembre 2023 à 9h30
Mission d'information de la conférence des présidents sur les capacités d'anticipation et d'adaptation de notre modèle de protection et de sécurité civiles

Grégory Allione, inspecteur général, directeur de l'École nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers (Ensosp) :

Le Président Macron s'est impliqué sur ce sujet au cours de la présidence française de l'Union européenne (PFUE), au premier semestre 2022. Dans un premier temps, en tant que président de la fédération, j'ai eu l'impression de ne pas être entendu par l'administration sur la nécessité de mettre en avant les sujets de sécurité civile au cours de la PFUE. Le Président a finalement choisi d'agir sur cette thématique, à raison, dans un moment où nous faisions face à des événements majeurs et dramatiques en matière de feux de forêt sur notre territoire.

Nous renforçons de manière préventive le dispositif feux de forêt en Grèce depuis deux ans. Pour la première fois, des modules européens sont venus en France cet été. Je les ai accueillis à l'école nationale, qui fait office de porte-avions en termes de soutien et de renfort. Nos dispositifs d'hébergement et de restauration conséquents sur le plan pédagogique sont ainsi mis à disposition pendant certaines périodes opérationnelles. Ce sera notamment le cas lors des Jeux olympiques, qu'il s'agisse de nos cadres ou de nos bâtiments.

L'Union européenne est un élément très important sur le plan de la réponse opérationnelle. Le ministre de l'intérieur, M. Gérald Darmanin, est en train de construire une flotte quasi européenne, en permettant le financement d'avions via l'Union européenne et en mettant à disposition la base aérienne de la sécurité civile de Nîmes. Ces efforts doivent être poursuivis sur le plan opérationnel et matériel.

En ce qui concerne la formation, je soumets à votre sagacité un Erasmus de la sécurité civile. Il s'agit du partage de connaissances au travers de la spécialisation et des spécialités de chaque territoire. Ce dispositif pourrait prendre toute sa place en permettant à nos cadres d'échanger. Vous avez également évoqué l'élargissement du dispositif à l'Union pour la Méditerranée, qui est selon moi une évidence. Il faudrait même penser ce dispositif à l'échelle mondiale.

C'est la première fois que des sapeurs-pompiers français partent au Canada afin d'éteindre des feux pendant plus d'un mois et demi. En ce moment, nous avons des experts en Australie. J'avais fait une mission en Australie en janvier 2020, à l'occasion de grands feux. Nous sommes partis au Chili en début d'année. Nous nous rendons dans l'ensemble du spectre du globe terrestre. Il n'y a pas une semaine qui se passe sans que se produise un événement dramatique à un endroit sur notre Terre.

Le dérèglement climatique constitue un sujet mondial, et la réponse en termes de protection civile l'est tout autant. L'Union européenne a su, par différents mécanismes, se mettre en position de répondre à ces enjeux-là. L'ONU doit, quant à elle, fournir un modèle de réponse plus efficace et plus opérationnel, afin de permettre des formations communes et d'apporter des réponses harmonisées aux sollicitations des différents pays.

Tous les pays ne pourront pas répondre aux conséquences du dérèglement climatique ; or si ces conséquences ne sont pas prises en charge par une réponse adaptée, elles engendreront des mouvements de population, comme nous en connaissons malheureusement pour d'autres raisons. Le sujet de la protection civile est donc un sujet de l'Union européenne, de l'Union pour la Méditerranée et, plus largement, un sujet mondial.

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