Intervention de Ségolène Amiot

Séance en hémicycle du lundi 4 décembre 2023 à 10h30
Motion de censure — Discussion et vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSégolène Amiot :

Nous nous retrouvons une nouvelle fois pour nous prononcer sur une motion de censure et, partant, pour dénoncer l'usage excessif, antidémocratique et bâillonnant du 49.3 – le vingtième. Nous, députés du groupe La France insoumise – NUPES, refusons de rendre acceptable, dans une démocratie, cette pratique qui vise à réduire au silence les élus et, parce qu'ils le représentent, le peuple lui-même. Par ces 49.3 successifs, non seulement vous refusez d'écouter les représentants du peuple, mais vous privez les Françaises et les Français du débat public qu'ils méritent.

Si vous n'y entendez rien, madame la Première ministre, pour ma part, je vous ai écoutée, notamment vous plaindre de la lenteur de l'examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS). Il est vrai que l'examen d'un budget de 640 milliards d'euros devrait être bouclé en trois ou quatre heures, à vue de nez…

Laissez-moi donc me plaindre, en ce qui me concerne, de la lenteur avec laquelle vous intégrez la notion de coconstruction, celle-là même que vous invoquez dans vos discours, chaque fois que vous engagez la responsabilité de votre gouvernement sur un texte. Non, cela ne signifie pas que c'est vous qui décidez et que c'est comme ça, ni que vous pouvez nous transmettre un projet de budget le lundi en espérant que nous le signerons le mardi sans y apporter la moindre modification.

D'ailleurs, ce que vous avez décrit comme la dénaturation de votre budget s'appelle en réalité la démocratie parlementaire. La coconstruction, en effet, c'est la conduite d'un travail concerté avec l'ensemble des forces en présence, y compris les vôtres qui, je vous en informe, sont également en colère de ne pas pouvoir participer à l'élaboration de la loi. C'est un travail concerté au cours duquel chacune et chacun fait des compromis, voire des concessions. « Compromis » est d'ailleurs l'autre mot que vous prononcez dans tous vos discours : c'est un autre mot creux, que vous n'utilisez que pour cacher le fait que vous n'en faites aucun.

En engageant la responsabilité de votre gouvernement, vous avez une fois de plus agité le chiffon rouge du déficit public pour justifier les coupes budgétaires, les économies et les défauts d'investissement. Vous oubliez cependant de dire que vous avez rejeté des amendements visant à accroître les recettes de plusieurs milliards d'euros, recettes qui permettraient d'appliquer une tout autre politique : par exemple, une gouvernance qui ne suivrait pas les envies de la minorité des plus riches, mais les besoins du plus grand nombre.

Vous passez donc sous silence les 8 milliards d'euros que le président Coquerel proposait de récolter pour soutenir les centres médicaux de santé de nos communes, ou encore la possibilité qui vous était donnée de rendre transparents les prix des médicaments.

Encore une fois, vous faites croire que sans votre budget, et uniquement votre budget, la totalité de nos institutions ne seraient plus financées et que nos fonctionnaires ne seraient plus payés. Mensonges ! Et de quelle suffisance faut-il faire preuve pour croire, non une seule fois mais deux années de suite, que vous seule êtes absolument dans le vrai, que vous ne faites aucune erreur et que votre gouvernance est parfaite ! Quel mépris !

Oui, de quel mépris faut-il faire preuve pour rester sourde aux cris d'alarme des parents qui, faute de place en pédopsychiatrie, pleurent leurs enfants ; des mères qui, faute de maternité ouverte, accouchent sur le bord d'une autoroute ;…

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