Intervention de Olivier Serva

Séance en hémicycle du lundi 27 novembre 2023 à 16h00
Le chlordécone en martinique et en guadeloupe l'action de l'État face aux nécessaires réparations

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOlivier Serva :

Quatre-vingt-dix pour cent : c'est la part d'entre nous, Guadeloupéens et Martiniquais, qui vivons avec ce poison dans le sang et qui n'en détenons pas l'antidote. Nous battons d'ailleurs le triste record du monde des territoires les plus touchés par le cancer de la prostate, avec 200 cas par an pour 100 000 habitants, contre 90 dans l'Hexagone. Le taux de mortalité de ce cancer est particulièrement élevé lui aussi : 23 décès pour 100 000 habitants, contre 9 à l'échelle nationale.

Mais le cancer de la prostate ne doit pas éclipser les autres cancers en forte recrudescence dans nos territoires. Les dépistages de chlordéconémie gratuits pour tous et l'indemnisation des ouvriers des bananeraies – qui est à relativiser, puisque les cas n'ont pas tous été déclarés, et que les personnes sont souvent décédées, l'utilisation du chlordécone ayant pris fin en 1992 –, sont un moindre mal.

Un moindre mal serait également la création d'instituts du cancer en Guadeloupe et en Martinique, à l'instar de celui de la Polynésie française, où les essais nucléaires commandités par l'État ont provoqué de nombreux cancers. Actuellement, les services d'oncologie des structures médicales de Martinique et de Guadeloupe ne disposent pas de moyens suffisants. Les patients qui le peuvent quittent pour une longue durée de convalescence leurs proches, leur emploi et leur territoire afin de se faire soigner dans l'Hexagone. Pour les autres, l'issue est souvent fatale.

Le service de chimiothérapie de la clinique des Eaux claires à Baie-Mahault, l'un des rares de Guadeloupe, a été à l'arrêt non moins de six semaines cet été, au motif d'une panne de matériel. Six semaines d'attente, c'est une éternité pour un patient atteint de cancer. Autre anomalie : le cancer de la prostate, premier cancer en Guadeloupe, ne peut pas être testé sur le cyclotron par manque d'effectifs.

Ces situations sont inacceptables. Les populations de Guadeloupe et de Martinique méritent un « plan Marshall » et des structures de soins d'oncologie aux Antilles : voilà une démarche qui permettrait à l'État de montrer sa volonté de prendre ses responsabilités.

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