Intervention de Julien Denormandie

Réunion du mercredi 15 novembre 2023 à 15h00
Commission d'enquête sur les causes de l'incapacité de la france à atteindre les objectifs des plans successifs de maîtrise des impacts des produits phytosanitaires sur la santé humaine et environnementale et notamment sur les conditions de l'exercice des missions des autorités publiques en charge de la sécurité sanitaire

Julien Denormandie, ministre de l'agriculture entre 2020 et 2022 :

Je pense plutôt au ministre de l'économie qui a défendu la loi de modernisation de l'économie (LME).

J'en viens à la question des lobbys. Je vous le disais tout à l'heure, j'assume toutes les décisions que j'ai prises. Il faut bien différencier les cabinets de lobbying, pour lesquels je n'ai aucune espèce d'estime, des syndicats agricoles, souvent improprement qualifiés de lobbys dans le débat public. Ces derniers sont pourtant des organisations, majoritaires ou minoritaires, qui représentent les agriculteurs. Heureusement que le ministre les reçoit et travaille avec eux – cela ne signifie pas pour autant qu'il fait ce qu'ils veulent. Parfois les visions se rejoignent, parfois les deux parties ne sont pas d'accord. Pour moi qui crois beaucoup au dialogue social, c'était une chance que le milieu agricole soit aussi syndiqué, plus que ne l'est tout autre secteur. À la fin, je le répète, c'est moi qui prenais les décisions, d'autant que j'étais formé aux sujets agricoles et que je pouvais faire valoir une vraie expérience dans ce domaine : je n'avais pas besoin que l'on me dise ce qu'il fallait faire.

Tous les arbitrages qui nous ont conduits à financer massivement la troisième révolution agricole étaient pour moi absolument essentiels. Tout aussi essentiel était le travail avec le ministère de la santé – je suis plutôt quelqu'un qui travaille avec les autres ministères, je n'aime pas rester seul dans mon couloir de nage.

S'agissant de la mise en œuvre pratique des clauses miroirs, monsieur de Fournas, je ne suis pas du tout d'accord avec vous. Vous nous accusez d'avoir été insincères : ce n'est vraiment pas ma façon de faire. C'est la France qui a défendu le règlement européen sur la lutte contre la déforestation importée : je ne dis pas que c'est toujours facile, mais les mesures de traçage de l'origine des produits permettent de mener cette politique. Il en est de même en matière d'élevage, s'agissant des clauses miroirs interdisant l'importation de viande issue d'animaux nourris aux antibiotiques. N'importe quelle boucherie est capable de vous indiquer quel morceau de viande provient de quelle vache, de quel élevage, et de vous donner la liste exacte des produits utilisés. Je salue d'ailleurs le travail réalisé par la Fédération nationale bovine (FNB), de manière très ouverte, en lien avec des think tanks et des associations environnementales, au sujet des clauses miroirs. Chacun sait que les dispositions que nous avons adoptées sont tout à fait applicables.

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