Intervention de Alexis Izard

Séance en hémicycle du jeudi 2 novembre 2023 à 9h00
Projet de loi de finances pour 2024 — Investir pour la france de 2030 ; plan de relance

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexis Izard :

Le premier programme d'investissements d'avenir date de 2010, et de la prise de conscience collective qu'il était plus que nécessaire de penser notre futur et d'éviter « l'acceptation du déclin », pour citer Alain Juppé et Michel Rocard, alors coprésidents de la commission sur l'emprunt national. Derrière cette prise de conscience se cachait la volonté de choisir notre destin plutôt que de le subir, de réapprendre à voir large et loin, et de ne pas regarder les autres pays prendre le train des innovations techniques en nous laissant à quai.

Depuis cette réalisation, que d'évolutions positives et de projets soutenus ! Car c'est bien à cet outil de financement que nous devons des réalisations telles que le campus de Paris-Saclay, le réacteur de recherche nucléaire de Cadarache dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca), ou encore la ferme agroécologique de l'Envol à Brétigny-sur-Orge, dans ma circonscription. Il ne fait aucun doute que le PIA est au cœur des plus belles réussites françaises de ces dernières années, ce qui a permis à la France de conserver sa onzième place mondiale en matière d'innovation en 2023.

Depuis octobre 2021, avec France 2030, nous sommes passés à une vitesse supérieure. Pour rappel, nous parlons de 54 milliards d'euros visant à poursuivre la transformation des secteurs clés de notre économie par l'innovation technologique, à soutenir des investissements pour rattraper notre retard dans certains secteurs, et à faire émerger de nouvelles filières stratégiques. Je n'en citerai que quelques exemples, à commencer par les gigafactories françaises : même les plus critiques d'entre vous se doivent de reconnaître qu'elles sont un succès et qu'elles joueront un rôle essentiel à l'avenir. Selon les données fournies par les sociétés concernées, elles permettront de couvrir plus de 15 % des besoins du marché européen en 2030, avec une puissance de 166 gigawattheures. Comme l'indiquait le Président de la République lors de sa conférence de presse du 12 octobre 2021, il s'agit d'une création de valeur durable qui aidera notre pays à rester maître de son destin dans le domaine de la mobilité électrique. Avec France 2030, c'est bien de cela qu'il s'agit : innover pour rester maître de notre destin.

Les autres exemples sont nombreux et non moins spectaculaires : pensons à l'usine Soitec en Isère, inaugurée fin septembre par Roland Lescure et Thierry Breton, jalon majeur de la stratégie française et européenne de développement d'une filière de microélectronique. Soitec est soutenue par l'État, dans le cadre de France 2030, pour mettre au point des technologies plus efficientes et plus performantes sur le plan énergétique, nécessaires à la production de substrats innovants qui permettront de développer la filière microélectronique souveraine que nous appelons de nos vœux.

Citons un dernier exemple, auquel je ne doute pas, chers collègues, que vous serez sensibles : l'usine Delpharm, qui possède notamment un site à Brétigny-sur-Orge dans ma circonscription, est essentielle à notre souveraineté car elle contribue à la relocalisation de la production de médicaments en France.

J'insisterai, par ailleurs, sur le recyclage des batteries. L'année dernière, dans mon rapport pour avis sur la présente mission, j'avais exprimé des regrets quant au manque d'ambition dans ce domaine, où il est pourtant essentiel d'anticiper. Depuis, les choses ont évolué très positivement. Je me réjouis ainsi qu'au mois de février dernier, Roland Lescure et Agnès Pannier-Runacher aient annoncé les lauréats pour le volet « Recyclage de batteries » de l'appel à projets « Solutions innovantes pour l'amélioration de la recyclabilité, le recyclage et la réincorporation des matériaux (RRR) » inscrit dans le plan France 2030. Les projets retenus, destinés à apporter des réponses à la question essentielle du recyclage, seront soutenus à hauteur de 30 millions d'euros.

En dessinant une trajectoire claire, France 2030 est une chance pour notre pays, pour son développement et pour sa souveraineté. D'après le comité de surveillance des investissements d'avenir, notre PIB pourrait croître de 40 à 76 milliards d'euros à l'horizon 2030 grâce à ces projets et au soutien qu'y apporte ce plan. Des centaines de milliers d'emplois, de 300 000 à 600 000, parmi lesquels 100 000 emplois industriels, sont susceptibles d'être créés d'ici à 2030. Si ces chiffres ne sont, j'en conviens, que des prévisions, ce sont néanmoins des signaux pour le moins positifs qui doivent encourager notre action et notre soutien à ce beau programme qu'est France 2030.

Pour l'ensemble des raisons que j'ai évoquées, je ne peux souscrire aux conclusions du rapporteur spécial. Une fois de plus, le groupe Renaissance fera le choix du développement industriel, de l'essor de l'emploi et de l'innovation technologique au service de l'avenir en soutenant les crédits de la mission "Investir pour la France de 2030" .

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