Vous devez être identifié pour donner une opinion sur cet élement

Intervention de Amiral Nicolas Vaujour

Réunion du jeudi 5 octobre 2023 à 11h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Amiral Nicolas Vaujour :

Notre jeunesse est prête à s'engager à partir du moment où elle trouve du sens dans cet engagement. Il faut lui donner envie, d'abord en mettant en valeur le drapeau et l'histoire de notre Marine à travers les siècles.

Ensuite, en matière de ressources humaines, nous menons une bascule. Au préalable, nous recrutions des marins pour les transformer en spécialistes. Aujourd'hui, nous allons procéder de la manière inverse, ce qui modifie l'équation. Ainsi, nous avons créé un BTS nucléaire à Cherbourg, qui nous permettra d'alimenter la filière marine, pour disposer, demain, de responsables de réacteurs nucléaires sur le Charles-de-Gaulle ou dans des sous-marins. En lien avec l'Education nationale, nous allons contribuer à leur formation. De même, nous avons créé avec l'Education nationale des baccalauréats professionnels dédiés au monde naval, le dernier en date étant le « bac mécatronique ». Il s'agit d'une formation commune qui s'adresse à la fois aux mécaniciens et aux électriciens. Elle n'intéresse pas uniquement la Marine, mais aussi des grands groupes comme Naval Group ou CMA-CGM. Ces « mini-filières » permettent d'alimenter au bon niveau nos armées et nos industries.

Nous avons besoin de tous dans la Marine. Les mousses sont extraordinaires, ces jeunes ont envie de s'engager, mais malheureusement, ils n'ont pas réussi jusque-là à y parvenir. Nous leur tendons la main et sommes payés en retour. Lorsque je commandais le Chevalier Paul, un mousse barrait le bateau et il était fier, car nous lui faisions confiance. En résumé, notre axe majeur en matière de ressources humaines concerne l'adaptation de la formation pour être les plus efficaces possibles, au sein d'un dispositif gagnant-gagnant pour l'Education nationale, la marine et, de manière plus large, l'industrie.

Mais l'engagement ne porte pas que sur l'engagement initial, il se nourrit au quotidien. Je demande à mes commandants d'insister dessus lorsqu'ils exercent leur leadership. Nous devons conserver cette attention pour « l'escalier social », qui contribue aussi à la force de nos armées et de la Marine en particulier. Un marin embauché comme matelot est devenu amiral commandant aux Antilles. Un autre matelot est devenu un des commandants du Tourville. Opérateur sonar, il est devenu commandant de SNA. Nous devons absolument préserver cette richesse extraordinaire, donner envie d'embarquer, envie de progresser.

Vous avez également évoqué à juste titre La Réunion en tant que pôle de projection. La Réunion est au cœur de routes maritimes qui ne sont pas très connues, mais qui sont en réalité très importantes, comme la route de Malacca, au sud de l'Afrique du Sud. Lors de sa tournée de longue durée, le Jacques Chevallier accostera à La Réunion, ce qui nous permettra de tester la manière dont nous pouvons ravitailler non seulement un patrouilleur outre-mer, mais aussi une frégate.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion