Intervention de Sébastien Jumel

Réunion du mardi 3 octobre 2023 à 17h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Jumel :

En lisant ce texte un peu vite, ma grand-mère aurait sans doute dit que ça ne mange pas de pain, ou que ça ne casse pas trois pattes à un canard. Mais seulement en lisant un peu vite, parce qu'en réalité, la situation est très grave.

Les Français n'ont plus de cran pour se serrer la ceinture et la crise de l'inflation se lit sur les visages des familles que nous rencontrons dans nos territoires. Face à cette situation, vous vous contentez, comme le rapporteur vient de le rappeler, d'observer l'évolution du cours des matières premières. En bons libéraux, vous êtes spectateurs du marché.

J'épargnerai la ministre, chargée de défendre un texte vide auquel elle a du mal à croire elle-même. Mais ce texte ne réglera rien : il n'y a rien sur les superprofits, rien sur la répartition des marges, rien sur les superdividendes. Il veut accélérer les négociations, en faisant l'impasse sur la situation des agriculteurs, qui tirent déjà la langue. Avez-vous pensé aux producteurs de lait ? Chez moi, chaque jour, un atelier de transformation laitière met la clé sous la porte et on a 800 vaches de moins qu'il y a six mois. L'agriculture est en train de mourir et les prix rémunérateurs ne sont pas au rendez-vous : les lois Egalim étaient généreuses dans leur principe, mais vous ne les appliquez pas.

Vous refusez par ailleurs de prendre les mesures qui auraient dû être au cœur d'une politique de lutte contre l'inflation : l'indexation des pensions et des salaires sur l'inflation ; le blocage du prix de certains produits de première nécessité afin d'éviter que les plus pauvres d'entre nous mangent des aliments qui nuisent à leur santé ; un travail, enfin, sur la répartition des marges. Prenez le pognon là où il est pour le mettre là où on en a besoin. Cette petite loi, qui pourrait être une circulaire, n'est pas à la hauteur de la situation et nous sommes vent debout.

Nous avons déposé des amendements pour modifier le seuil de 150 millions de chiffre d'affaires : si l'on ne permet qu'aux gros d'entamer les négociations plus tôt, on va fragiliser les PME.

La situation est un peu folle : ceux qui assurent la souveraineté alimentaire de notre pays sont en train de s'essouffler, faute de prix rémunérateurs et, pendant ce temps-là, les Français se lèvent le matin pour aller travailler et se couchent le soir en se demandant comment ils vont pouvoir nourrir leur famille.

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