Intervention de Louis Gallois

Réunion du lundi 18 septembre 2023 à 14h00
Commission d'enquête sur la libéralisation du fret ferroviaire et ses conséquences pour l'avenir

Louis Gallois, ancien président de la SNCF :

Le train est assez résilient. Sa régularité est correcte. J'ai l'habitude de dire que le train, c'est l'aventure sans risque : l'aventure vient du fait que, de temps en temps, vous arrivez en retard – nous avons tous nos expériences personnelles –, mais vous ne courez pas d'autre risque que celui de perdre du temps. Sauf exception, la résilience du trafic de marchandises est bonne. Nous avons un jour perdu un train mais il s'agissait d'un événement totalement anormal, d'une faute professionnelle de la SNCF qui peut se corriger.

Je continue à penser que le fret ferroviaire a du sens. La route ne le remplacera jamais complètement. D'abord, le passage des camions à l'électrique ou à l'hydrogène, s'il est possible, prendra un temps considérable. Ensuite, le mode ferroviaire présente des avantages propres. En circulant sur deux rails avec une surface de frottement de l'ordre du centimètre, les trains dépensent très peu d'énergie. C'est un avantage que n'a pas la route avec les pneus – quand on parle d'économies d'énergie, on doit aussi penser à cela. Il faut trouver de la souplesse pour articuler les modes de transport car, comme vous le dites, le train ne dessert pas le dernier kilomètre, sauf pour des entreprises suffisamment importantes pour avoir des embranchements particuliers. Certains méritent d'ailleurs peut-être d'être rénovés, mais encore faut-il que l'industriel concerné le souhaite.

D'aucuns considèrent que le wagon isolé est obsolète. Tout dépend du trafic de transport combiné. Le passage par les triages, lui, est obsolète. On peut imaginer d'autres moyens de constitution des trains. Mais je ne voudrais pas m'élever au-dessus de ma dignité.

Le fret s'est mis au numérique, mais il est vrai que les consommateurs demandent des délais extrêmement courts. Le trafic d'Amazon ne peut pas passer par le chemin de fer, parce qu'il n'est pas régulier et parce que la rapidité n'est pas compatible avec le mode ferroviaire. Mais d'autres trafics peuvent en relever, dès lors que l'on est capable d'assurer la régularité, le respect des horaires, la qualité du transport et la protection des marchandises transportées grâce à des installations dédiées. Le ferroviaire a sa place dans le transport combiné, qui a l'avenir devant lui. Quand on voit la masse de conteneurs arrivant dans les ports, qui sont des lieux de massification, on doit pouvoir organiser des trafics.

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