Intervention de Philippe Piard

Réunion du jeudi 7 septembre 2023 à 13h30
Commission d'enquête sur les causes de l'incapacité de la france à atteindre les objectifs des plans successifs de maîtrise des impacts des produits phytosanitaires sur la santé humaine et environnementale et notamment sur les conditions de l'exercice des missions des autorités publiques en charge de la sécurité sanitaire

Philippe Piard, co-président de Secrets toxiques :

Nous sommes une coalition d'associations. Je représente aussi une association locale, qui a une déclinaison nationale. Quand nous avons créé Secrets toxiques, nous nous sommes posé la question de la domiciliation. Je n'avais pas envie d'afficher « Secrets toxiques » sur ma boîte aux lettres. J'avais peur de ce qui pouvait m'arriver, alors même que je suis bien inséré dans le tissu agricole local.

La fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) entretient depuis trop longtemps le mensonge sur la non-dangerosité de ces produits. Quand nous essayons d'évoquer cette dangerosité et que nous montrons le film Secrets toxiques, il se trouve toujours quelqu'un pour dire que son grand-père soufflait dans les buses du pulvérisateur pour le déboucher. Ces agriculteurs sont les premières victimes. Le risque qu'ils prennent est présenté comme faible mais les doses journalières admissibles sont dix fois, cent fois, mille fois supérieures à ce qu'elles devraient être. Nous les maintenons dans ce mensonge. J'ai vu mon voisin passer du Roundup en short et en claquettes, sans cabine de protection. Dans vingt ou trente ans, il développera la maladie de Parkinson, une maladie neurodégénérative ou un glioblastome. Dès que nous essayons de parler des pesticides ou du modèle agricole, nous sommes accusés d'« agri-bashing ». Mais je suis paysan moi-même, et je connais de nombreux paysans contre lesquels nous n'avons jamais fait d'« agri-bashing ».

Il existe un modèle agricole productiviste qui s'efforce de répondre aux besoins de l'agro-industrie, et un modèle qui tente de promouvoir une autre agriculture, vivrière, nourricière. Ce dernier modèle ne pose pas de problèmes environnementaux ou de santé publique. À mon avis, c'est ce modèle qu'il faudrait encourager.

Je donnerai un dernier exemple : celui de ces enfants qui ont servi de bornes pour les épandages, ou encore des enfants qui se précipitaient sur la grille de l'école, en juin, pour recevoir les gouttelettes rafraîchissantes du pulvérisateur d'un tracteur – alors que c'était un poison qui était utilisé.

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