Intervention de Thomas Portes

Réunion du mercredi 19 juillet 2023 à 17h00
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThomas Portes :

L'unité CRS 8 a été déployée de manière très violente lors des révoltes urbaines et lors de la marche blanche organisée à Nanterre pour la mémoire de Nahel. Cette brigade a été créée en 2021 pour intervenir avec des méthodes plus répressives et un équipement plus léger lui permettant d'aller davantage au contact.

Deux rapports confidentiels, révélés par la presse, font état de dysfonctionnements récurrents en son sein. Ils relèvent notamment l'affectation de jeunes policiers incapables de faire du maintien de l'ordre en raison de leur inexpérience. Ils indiquent que son commandant, ancien membre de la marine nationale, vous a demandé de ne faire appel à cette brigade qu'en cas de dégradation de la situation ou d'affrontement de haute intensité, faute de quoi ses hommes éprouvent « une frustration ». En clair, il demande à aller au contact.

Vous avez favorablement répondu à cette demande, ce qui soulève des interrogations. La CRS 8, qui est un peu votre Brav-M, d'après un préfet cité par Mediapart, est intervenue dans les quartiers marseillais après les fusillades meurtrières d'avril, à Mayotte lors de l'inqualifiable opération Wuambushu, et lors des révoltes urbaines consécutives au meurtre de Nahel.

Vous avez annoncé la création d'ici 2024, sur le modèle de la CRS 8, de quatre nouvelles compagnies d'intervention, qui seront notamment basées à Marseille et à Nantes. Or les alertes se multiplient quant à cette unité violente.

D'après le préfet d'un département où elle a été déployée, il faut la tenir « rênes courtes », car elle peut être assez incontrôlable. Un gradé en poste à Mayotte, où les membres de la CRS 8 ont tiré à balles réelles à douze reprises, rappelle que le bon maintien de l'ordre est celui qui se passe bien et déplore les réponses répressives apportées, qui ne résolvent pas le fond du problème. À Rennes, plusieurs membres de la CRS 8 se sont distingués par leur violence et sont désormais visés par une enquête. Mise en joue par un lance-grenades, carte de presse arrachée, plaquage ventral : les images sont sidérantes.

Monsieur le ministre, vous avez certainement connaissance de ces deux rapports, dont vous étiez destinataire. Vous n'ignorez pas les dérives de la CRS 8. Pourquoi l'avoir mobilisée lors des révoltes urbaines ? Pourquoi reproduire ce modèle dont nous savons qu'il est dangereux ?

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