Intervention de Véronique Besse

Séance en hémicycle du lundi 3 octobre 2022 à 21h30
Fonctionnement du marché du travail — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVéronique Besse :

Il y a lieu de réformer l'assurance chômage. C'est ce que vous nous proposez, mais votre méthode n'est pas la bonne – j'y reviendrai.

Le constat est clair et alarmant : les chefs d'entreprise n'arrivent plus à recruter. C'est là le problème de fond auquel nous devrions consacrer toute notre énergie. Il y a effectivement une crise inédite du recrutement en France. Même au cœur de ma circonscription, aux Herbiers, ville dont j'étais le maire jusqu'en juin dernier et où le taux de chômage est le plus bas de France, puisqu'il s'élève à 3,4 %, les entreprises n'arrivent pas à recruter.

Ce phénomène a débuté avec les 35 heures, puis il s'est accentué avec le covid.

Le problème est simple : d'un côté, des entreprises n'arrivent pas à recruter ; de l'autre, plus de 1 million d'emplois sont actuellement vacants en France selon les chiffres de Pôle emploi.

Si on en vient aux solutions, la réforme de l'assurance chômage doit contribuer à faire que le travail paye davantage que les allocations. C'est possible !

Régulièrement, nous assistons à des polémiques chiffrées pour savoir s'il vaut mieux travailler ou bénéficier des allocations. Le simple fait d'ériger cette thématique en sujet de société montre qu'il y a là un problème. Cette discussion ne devrait pas exister, car le travail devrait être bien plus rémunérateur que les allocations chômage.

Rappelons l'évidence : sans travail marchand, ni notre société ni notre État providence ne pourraient tenir ; sans actifs, on ne peut pas verser d'allocations chômage. Il faut donc privilégier la valeur travail en lieu et place des allocations. Certains à gauche, avec bon sens, l'ont rappelé.

Au-delà de la seule assurance chômage, il faut avoir le courage de s'attaquer à la fraude sociale. Un rapport publié le 8 septembre 2020 par la Cour des comptes fustigeait l'incapacité de la sécurité sociale à contrôler ses versements tout en montrant très clairement que la fraude sociale est en hausse et s'élève probablement à plusieurs milliards par an. La discussion reste ouverte. Toujours est-il que l'on doit prendre les mesures adéquates pour enrayer ce phénomène.

Je le répète : on ne peut pas accepter que d'un côté des chefs d'entreprise soient dans l'obligation de refuser des contrats et donc de freiner leur développement faute de salariés et que, d'un autre côté, des salariés potentiels vivent des allocations chômage.

Mais revenons à l'intitulé de ce projet de loi qui est quelque peu présomptueux au regard des mesures proposées. La validation des acquis de l'expérience pour les proches aidants ; la sécurisation des élections professionnelles ; cela est très bien. Cependant, nous ne sommes pas dupes : nous avons bien compris que le seul objectif de ce projet de loi est de vous donner toute liberté pour agir à votre guise.

Mais ce n'est pas comme ça que cela fonctionne – encore moins avec cette nouvelle assemblée ! Travailler de la sorte permet de multiplier les discussions sur la forme sans s'attaquer au fond.

Pourquoi les entreprises peinent-elles à recruter ? Comment éviter et surtout contrôler les abus ? Comment donner à des milliers de Français l'envie de retrouver le chemin du travail ?

Enfin, dans quelles conditions travailleront-ils ? En effet, je conclurai en évoquant le phénomène de la grande démission. Suite à la crise du covid, on a constaté des démissions en masse de salariés ne trouvant plus de sens à leur travail : ils sont déboussolés ou en burn-out. Les parlementaires devraient examiner de près ce problème.

Voilà les questions et les pistes de réflexion auxquelles nous devrions consacrer notre temps.

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