Intervention de Bruno Le Maire

Réunion du mercredi 28 juin 2023 à 15h00
Commission des affaires étrangères

Bruno Le Maire, ministre :

Je vous remercie de reconnaître que la voix de la France, par l'intermédiaire du président de la République, porte à l'étranger. Je vous rejoins totalement sur ce point et le sommet de Paris en a apporté la démonstration. Je vous rejoins aussi sur l'importance vitale, pour la souveraineté et la place dans le monde de la nation française, de la défense d'une politique de développement ambitieuse.

Nous avons obtenu des résultats sur les DTS – 100 milliards de dollars –, même si je reconnais bien volontiers que nous nous heurtons à des difficultés de politique intérieure de certains pays. Janet Yellen nous a clairement indiqué que les blocages du parti républicain au Congrès américain empêchaient les États-Unis d'aller aussi loin qu'ils l'auraient voulu sur la part de DTS réallouée aux pays en développement. Nous maintenons, pour notre part, la cible de 30 %. Mme Yellen nous a également confirmé que ces mêmes blocages empêchaient d'atteindre certains objectifs relatifs à l'utilisation des réserves d'or, qui constitue l'une de nos propositions.

La restructuration de la dette ghanéenne est en cours. J'ai bon espoir que, comme pour la Zambie, le Tchad et le Sri Lanka, nous puissions aboutir à un résultat positif.

Vous posez une question essentielle sur la place respective de la Chine et des pays occidentaux. L'une des singularités françaises, que l'on doit entre autres à l'action du président de la République, est d'avoir gardé, grâce au Club de Paris, un rôle absolument majeur dans la restructuration des dettes des pays en développement. Nous refusons tout autre cadre que celui du Club de Paris et nous n'avons pas l'intention d'écarter la Chine car toute ambition de restructuration de la dette qui mettrait ce pays de côté, comme certains de nos partenaires le souhaitent, constituerait une erreur politique majeure. Nous n'avons aucune chance de réussir si la Chine ne participe pas au processus. Nous paierions très cher la faute politique qui consisterait à la mettre de côté et à favoriser une confrontation entre ce pays et le G7 sur la question du développement. Il est préférable de continuer à associer la Chine comme nous le faisons : nous avons enregistré des progrès, consolidés par la présence du premier ministre chinois à Paris pendant deux jours. Tout cela illustre notre capacité à faire bouger les lignes.

Enfin, l'Union européenne a une part mineure, inférieure à 20 %, dans l'aide au développement. Je souhaite que l'APD reste une compétence nationale car les enjeux sont trop importants pour diluer ce sujet à une autre échelle.

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