Intervention de Francesca Pasquini

Réunion du mardi 2 août 2022 à 17h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrancesca Pasquini :

Il y a encore quelques semaines, j'enseignais dans une classe de CE1. Avec beaucoup d'émotion, je souhaite dénoncer les conditions salariales des enseignants. En 1980, ils gagnaient 2,3 fois le SMIC. Actuellement, c'est seulement 1,2 fois… Gel du point d'indice, pas de prime, pas de treizième mois : l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) classe la France parmi les pays de l'Union européenne qui paient le moins bien ses enseignants, derrière l'Italie et devant la Pologne. Ils sont deux fois moins bien payés qu'en Allemagne.

Cette baisse de pouvoir d'achat s'accompagne de conditions d'exercice qui se dégradent. Les enseignants sont méprisés, sous-payés, et pourtant toujours en première ligne, prêts à s'adapter pour assurer la continuité éducative.

En tant que députée membre de cette commission, je souhaite défendre plusieurs projets, mais aucun ne pourra s'appliquer sans enseignants dans les classes. Or le métier n'attire plus, les démissions flambent et on organise des speed datings pour embaucher. Certains collègues sont à découvert dès le début du mois. Malgré tout, ils exercent leur métier avec cœur, ne laissant rien transparaître devant les élèves.

Quand je suis arrivée à l'Assemblée nationale, on m'a fourni un bel ordinateur, dont le coût correspond à mon ancien salaire. Enseignante, je bénéficiais de la prime d'équipement informatique – 150 euros net par an. Il m'aurait donc fallu douze ans de primes pour acheter cet ordinateur…

Dans ces conditions, on ne peut pas blâmer ceux qui partent, ni motiver de nouvelles recrues. Heureusement, les enseignants sont des passionnés. Ils continuent à allumer des feux, alors que leur coupe est pleine. Nous pouvons être à l'origine du plus ambitieux des programmes pour l'école, encore faut-il des enseignants pour le mettre en œuvre.

Monsieur le ministre, nous sommes en début de législature. Vous venez d'être nommé à ce poste très prestigieux ; je viens d'être élue députée. J'ose espérer que, dans cinq ans, nous aurons redonné ses lettres de noblesse à cette profession indispensable.

Quelles mesures envisagez-vous pour augmenter le salaire des enseignants, et pas seulement celui des nouveaux collègues ?

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