Intervention de Marcellin Nadeau

Séance en hémicycle du jeudi 8 juin 2023 à 15h00
Renforcement du principe de la continuité territoriale en outre-mer — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarcellin Nadeau :

Le groupe Gauche démocrate et républicaine – NUPES, composé en grande partie de députés issus des territoires dits d'outre-mer, ne peut qu'être favorable à cette proposition de loi, non seulement parce qu'elle présente un intérêt certain pour nos compatriotes ultramarins, mais aussi parce qu'elle réduit un grave déficit d'égalité républicaine.

En effet, pour les ressortissants des territoires ultramarins, se déplacer n'est pas accessoire ; c'est une nécessité pour les études, la santé, le travail, l'économie et la vie courante. Or la cherté des prix des transports, devenus prohibitifs dans les Antilles ou l'océan Indien, les en empêche. Comment un étudiant pourrait-il rentrer dans sa famille aux Antilles chaque année, alors que le prix du billet d'avion dépasse les 1 000 euros ? Il y a non seulement une rupture d'égalité avec la France hexagonale, mais aussi une aggravation des handicaps dont souffrent les Ultramarins. On les pressure, car ce sont des populations contraintes : c'est inadmissible ! Lorsque les territoires ultramarins demandent des adaptations, l'État leur répond souvent qu'ils sont la France ; mais lorsqu'ils demandent la réduction des inégalités qui les minent, on leur répond qu'ils sont trop à part.

Que propose l'État face à une telle situation ? Une politique de continuité territoriale qui n'est à la hauteur ni des attentes ni des enjeux territoriaux du moment ; une politique timorée et sans moyens réels.

Nous aurions pu espérer que l'État facilite, à la marge, les continuités régionales : par exemple entre les Antilles et la Guyane, ou au sein de l'archipel guadeloupéen avec les îles du nord Saint-Martin et Saint-Barthélemy, ou entre les îles Loyauté et Nouméa, ou encore en Polynésie avec les myriades d'îles disséminées sur une surface grande comme l'Europe. Eh bien non ! Il est moins coûteux pour un Martiniquais d'aller en Guyane en passant par Paris que de s'y rendre directement. Quelle aberration ! Quant aux îles indépendantes de la Caraïbe, pourtant proches de 50 à 100 kilomètres des régions françaises d'Amérique, il est préférable de passer par Paris ou Miami, tant en ce qui concerne le temps de trajet que le prix, plutôt que de s'y rendre directement depuis la zone concernée.

Bref, de quelque côté que l'on se tourne, la politique de continuité territoriale est inadaptée et scandaleuse pour notre République. L'État dépense tout juste entre 35 et 52 millions d'euros pour aider, sous conditions, des étudiants, des sportifs – qui rapportent d'ailleurs des médailles –, des personnes sans ressources ou financer des rapatriements funéraires. Ce n'est rien, ou presque rien. Je réaffirme que l'aide au transport aérien n'a rien à voir avec le financement de la continuité territoriale.

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