Intervention de Marie-Charlotte Garin

Réunion du mardi 2 mai 2023 à 17h20
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-Charlotte Garin :

Nous nous retrouvons, au lendemain d'un 1er mai historique, pour parler du travail au sujet duquel tout semble pourtant avoir été fait à l'envers au cours des huit derniers mois : réforme de l'assurance chômage, qui précarise davantage les demandeurs d'emploi et met le marché du travail sous tension, en tournant le dos au paritarisme ; réforme des retraites, future trappe à précarité pour les seniors – pour les femmes en particulier –, qui piétine les positions de l'intersyndicale et dont personne ne veut, vous excepté. Et donc, maintenant, France Travail.

Monsieur le ministre, avant de mettre tout le monde au travail – et pendant plus longtemps –, il nous faut avant tout parler des conditions de ce travail. Vous avez refusé d'en parler lors de votre passage en force avec la réforme des retraites et il n'en est jamais question dans le rapport qui nous est présenté : rien sur la pénibilité, rien sur la représentation collective ni sur l'égalité entre les femmes et les hommes. Pour rappel, la part des Français exposés aux charges lourdes, aux postures douloureuses, aux produits chimiques et aux vibrations est toujours supérieure à la moyenne européenne. Pourquoi continuer à refuser la réintégration de ces maux parmi les critères de pénibilité ? Votre ambition est de résoudre la crise du travail sans essayer de la comprendre. Ce n'est pas que les Français ne veulent pas travailler : ils veulent travailler moins, mieux, dans de meilleures conditions, pour une meilleure rémunération et avec plus de reconnaissance.

Le projet de France Travail consiste à vouloir résoudre la crise de l'emploi grâce à une injonction au travail, à des stages intensifs et au conditionnement du RSA à des heures d'activité. J'entends votre défense de l'accompagnement, mais nous craignons que la protection sociale ne soit plus un droit et qu'elle doive se mériter.

Dans le cadre de France Travail, quel sera exactement le rôle des missions locales ? Que répondez-vous à celles qui craignent de disparaître et de ne plus pouvoir accompagner les jeunes ? Pourquoi s'empresser de conditionner le RSA à des heures d'activité alors que les expérimentations que vous avez lancées sont encore en cours ? Pouvez-vous nous éclairer davantage sur la contractualisation systématique et les objectifs qu'elle recherche ?

Dernière question : quand comptez-vous procéder au retrait de la réforme des retraites qui, seul, vous conférerait la légitimité nécessaire à l'ouverture d'un dialogue sur la question du travail ?

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