Intervention de Emmanuel Chiva

Réunion du mardi 2 mai 2023 à 21h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Emmanuel Chiva, délégué général pour l'armement (DGA) :

Nous avons entrepris un travail d'identification des goulets d'étranglement au sein de la supply chain, avec les entreprises situées au-delà du rang 2. Dans le domaine de la main d'œuvre, nous n'avons pas uniquement besoin d'ingénieurs cyber, mais également de soudeurs et de fondeurs. Nous avons identifié 185 sociétés qui présentent de telles difficultés aujourd'hui, que nous avons commencé à régler au cas par cas. Une trentaine d'entre elles ont déjà pu être traitées.

S'agissant des problématiques de financement, un certain nombre d'actions ont été entreprises, notamment par l'établissement d'un réseau de référents bancaires, dans lequel nous plaçons un certain nombre d'espoirs. En effet, les difficultés de financement ne sont pas réellement liées à des ordres donnés par les directions centrales des banques mais plutôt à des interprétations très locales de la prise de risque, compte tenu d'une relative méconnaissance des sociétés de la défense.

Ensuite, un ingénieur de l'armement est présent dans l'équipe d'investissement de France 2030. Il s'agit de l'ancien responsable de l'innovation ouverte de l'AID. Dans un certain nombre de filières, le spatial et le quantique notamment, nous allons conduire les projets pour le compte de France 2030 et nous serons vigilants à pouvoir accompagner les sociétés comme il se doit.

Ensuite, la création d'une direction de l'industrie de défense vise justement à proposer ce type d'accompagnement des filières. Trois sous-directions seront créées : l'une d'entre elles s'intéressera à la sécurité économique, la deuxième s'attachera à la performance de la BITD (coût, efficience, qualité) et la dernière traitera des orientations stratégiques, notamment des filières actuelles ou en devenir. L'une de nos préoccupations majeures vise également à accompagner le plus tôt possible des entreprises qui sont souvent familiales, mais où la reprise de l'activité par les enfants du fondateur n'est pas toujours assurée.

Par ailleurs, dans les dispositions normatives de la LPM figure un article qui nous permet de demander à l'industrie de réaliser un certain nombre de stocks. Je salue à ce titre l'initiative du groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (GIFAS), qui a pris le parti de constituer un stock stratégique mutualisé de titane, sujet qui nous préoccupe particulièrement. Il en va de même pour les produits semi-finis et certaines autres matières premières. Nous conduisons en outre un programme de relocalisation de certaines filières, notamment la poudre propulsive, avec la montée en puissance de l'usine Eurenco à Bergerac.

Enfin, les réquisitions constituent un régime d'exception, dans la mesure où nous ne sommes pas en guerre. L'objectif consiste ici à préserver l'intérêt des entreprises dans les meilleures conditions possibles. La direction de l'industrie de défense y veillera, de manière à ne pas créer de difficultés industrielles liés à ce type de processus.

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