Intervention de Sébastien Mathouraparsad

Réunion du vendredi 24 mars 2023 à 14h00
Commission d'enquête sur le coût de la vie dans les collectivités territoriales régies par les articles 73 et 74 de la constitution

Sébastien Mathouraparsad :

C'est culturel, dans nos îles comme dans les territoires insulaires en général – je parlais tout à l'heure de la débrouillardise. Il y a toujours une forte part d'informel, même dans les économies développées. Cela devient un problème à partir du moment où l'informel prive l'État d'une part importante de ressources. Certaines personnes vous diront qu'il n'y a pas de pauvreté monétaire dans nos territoires parce que l'informel y est très développé. Pour ma part, je pense que c'est exactement l'inverse : si les gens avaient une activité leur permettant de subvenir à leurs besoins, ils ne seraient pas tentés de multiplier les activités à gauche ou à droite.

Il faut développer l'activité et réduire la pauvreté monétaire, notamment en agissant sur la demande. Comme je l'ai expliqué, si l'on se contente de stimuler l'offre, les entreprises restent contraintes par leurs débouchés. Quand la demande n'est pas suffisante, non seulement les entreprises risquent de ne pas produire davantage, mais il peut arriver qu'elles augmentent les prix, en raison du fait que les ménages sont captifs. Il faut donc soutenir la demande, en particulier en aidant les ménages les plus nécessiteux, tout en veillant à ce que le marché réponde en proposant des produits locaux plutôt que des produits importés.

À cet égard, les trois secteurs clés, comme je l'ai dit, sont l'agroalimentaire – et non pas simplement l'agriculture –, les biens manufacturés et l'énergie. Les outre-mer sont plus dépendants des énergies fossiles que l'Hexagone : la part des énergies renouvelables n'y est que de 15 % à 20 %, alors que le Grenelle de l'environnement avait fixé un objectif de 50 % en 2035. Or la biomasse dont nous disposons devrait nous permettre de développer ces énergies renouvelables.

Dans le cadre de recherches pour un article abordant la question des biocarburants, j'ai été surpris de constater dans l'Hexagone que du biocarburant était mis à la disposition de la population, mais pas dans les outre-mer. De surcroît, grâce aux subventions dont bénéficie la filière, les biocarburants sont vendus à bon marché à la pompe dans l'Hexagone. Pour notre part, nous sommes cantonnés au gazole et au sans-plomb, carburants fossiles relativement peu chers, il est vrai, mais la production locale d'énergies renouvelables pourrait s'y substituer, ce qui permettrait par la même occasion de créer de l'activité, donc de l'emploi. Je travaille avec des collègues chimistes sur un article consacré à la production de biocarburants à partir de biomasse de deuxième ou de troisième génération, c'est-à-dire de déchets verts recyclés ou d'algues – notamment les sargasses, sujet épineux.

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