Intervention de Benjamin Lucas-Lundy

Réunion du mercredi 5 avril 2023 à 9h00
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBenjamin Lucas-Lundy :

Ce matin, c'est l'audition Paris Match : « Le poids des mots, le choc des photos » !

Mais les mots ont un sens, monsieur le ministre. Comptez-vous parmi les « terroristes intellectuels » la Défenseure des droits, qui appelle à la désescalade et s'inquiète du non-respect des principes déontologiques ? Le commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, qui rappelle que manifester est un droit fondamental qui doit être protégé ? Le rapporteur spécial des Nations unies qui s'inquiète d'un usage excessif de la force en France ? Le président Biden et son porte-parole à la Maison-Blanche ? Votre propre collègue de l'éducation nationale, qui déclarait à raison en 2020 qu'il y avait dans la classe politique française un grand déni des violences policières ? Vous êtes peut-être vous-même un terroriste intellectuel, puisque vous avez reconnu avoir sanctionné 111 policiers pour des cas de violences policières – preuve qu'elles existent bien !

Quant au choc des photos, nous avons eu un joli PowerPoint style McKinsey. Mais nous sommes ici à l'Assemblée nationale, pour avoir un débat sérieux et démocratique sur le maintien de l'ordre.

Vous avez raison : toutes les violences ne se valent pas. Vous n'êtes pas personnellement responsable de celles commises par les black blocs, et nous condamnons évidemment toutes les violences qui consistent à s'en prendre aux biens et aux personnes dans les manifestations. En revanche, vous êtes responsable de la police républicaine qui, parce qu'elle a le monopole de la violence et de la force légitimes, a plus de devoirs à l'égard de la société. C'est à propos de cette responsabilité-là que nous aurions aimé que vous vous expliquiez.

Vous avez évoqué des mots et des images, mais vous avez oublié bien des faits, comme les centaines de personnes qui sortent de garde à vue sans faire l'objet de poursuites, preuve de leur innocence, ou comme les mutilés et les manifestants dans le coma.

Ce matin, vous avez esquivé vos responsabilités.

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