Intervention de Nicolas Rousselet

Réunion du jeudi 6 avril 2023 à 10h00
Commission d'enquête relative aux révélations des uber files : l'ubérisation, son lobbying et ses conséquences

Nicolas Rousselet, président-directeur général du Groupe Rousselet (ex Groupe G7) :

Oui, je n'ai pas mis les pieds à l'Élysée depuis quinze ans. J'ai donc rencontré Emmanuel Macron, M. Lacresse et M. Kohler le 9 septembre 2015. Nous avons passé une bonne heure ensemble pour comprendre et interpréter ce qu'il se passait. Dans mon communiqué de presse du 9 septembre 2015, j'ai attiré l'attention sur la gravité de la situation. Les chauffeurs exerçant sous le statut dit « LOTI » avaient explosé, ce pour quoi la « loi Grandguillaume » est intervenue en 2016. Il y a eu la première loi en 2014 et je demandais à l'ensemble des contacts que j'avais dans les ministères et dans les administrations de faire respecter la loi. Une des grandes difficultés que nous rencontrons réside dans le passage de 15 000 taxis à 50 000 taxis et VTC ainsi que de 80 à 100 Boers. Nous ne pouvons en vouloir à personne ; simplement, l'État ne s'est pas doté des moyens pour contrôler un nombre de véhicules qui a été multiplié par trois.

On sait qu'avec le smartphone, la limite entre la maraude et la réservation est assez fine. Le temps pour commander un VTC est quasiment le même que pour se rendre à la station de taxis, ce qui est extrêmement préjudiciable pour les chauffeurs de taxi qui ont investi dans une licence, qui se forment, qui font contrôler leur véhicule tous les ans et qui s'équipent avec des horodateurs pour être certains que le chauffeur a bien dormi et qu'il n'y a pas de risque d'endormissement. C'est d'ailleurs arrivé plusieurs fois chez nos concurrents. Des amis m'ont dit qu'ils ne prenaient plus que des taxis car leur chauffeur s'était endormi en les conduisant à l'aéroport. C'est tout l'intérêt du secteur réglementé par rapport à un secteur déréglementé.

Le législateur, dans sa grande sagesse, laisse le choix aux clients. Vous pouvez choisir entre un Uber ou un G7 et c'est une compétition au mérite. Il est vrai que nous sommes toujours très soucieux de la loyauté de cette concurrence. C'est tout de même David contre Goliath. On ne demande pas que l'État nous aide, nous avons pris notre destin en main et les chauffeurs l'ont fait – bravo à eux ! – et nous investissons tous beaucoup dans notre métier mais la concurrence doit être loyale, sinon nous n'avons aucune chance face à une société qui a déjà perdu 30 milliards d'euros pour tuer toutes les entreprises de taxis du monde.

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