Intervention de Laurent Panifous

Séance en hémicycle du mardi 11 avril 2023 à 21h30
Garantir le respect du droit à l'image des enfants — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaurent Panifous :

Soyons clairs : la maltraitance en institution et à domicile, la difficulté de favoriser le maintien à domicile, le déficit colossal d'attractivité des métiers du soin et l'immense difficulté à recruter sont des symptômes d'une seule et même carence – le manque de moyens humains et donc financiers.

On peut réorganiser cent fois les établissements et services, leur donner un nouveau nom, créer des commissions, changer le pilote : cela ne servira à rien, c'est de la cosmétique. En politique comme ailleurs, faire et défaire, c'est toujours travailler, mais ce n'est pas avancer !

Dire aux ARS qu'elles doivent augmenter fortement les contrôles à chaque scandale, alors qu'elles sont elles-mêmes démunies de personnel, c'est condamner ces contrôles à n'être qu'administratifs, peut-être simplement déclaratifs, voire a posteriori, pour sanctionner, au lieu de prévenir.

Dire qu'il faut former plus d'aides-soignants et d'infirmiers et qu'il faut faire évoluer la formation, c'est très bien, mais c'est du même ressort. En réalité, de nombreux professionnels ne veulent pas ou plus travailler dans ces métiers du soin et du lien parce que les conditions y sont bien trop difficiles, par manque de personnel.

Pour améliorer l'attractivité de ces professions, il faut améliorer les conditions de travail, qui dépendent de plannings et de roulements ; il faut réduire l'intensité des tâches pour donner le temps de bien faire. Tout cela passe par une hausse des effectifs, tout simplement. Aucune commission d'experts, aucun contrôle, ni je ne sais quelle autre invention de réorganisation ne résoudra ce problème.

À tous les niveaux, les métiers concernés consistent à soigner et à maintenir des liens ; il ne sert à rien de créer des instances pour constater des problèmes, pour coordonner ce qui ne fonctionne pas, pour renommer ce qui existe déjà, si on ne donne pas les moyens humains et financiers nécessaires pour assurer un accompagnement de qualité et des conditions de travail attractives.

Les moyens humains et financiers sont au cœur du problème, or la proposition de loi n'aborde pas non plus cette question. Les constats sont connus, les propositions sont nombreuses. Au fond il ne manque qu'une chose : la volonté politique. La seule question qui vaille est de savoir quels moyens les pouvoirs publics, l'État, sont prêts à accorder pour soutenir la dignité et l'autonomie de nos aînés. Cette proposition de loi n'est pas mauvaise en soi, mais elle n'y répond pas.

Mesdames les rapporteures, monsieur le ministre, nous n'avons qu'une crainte : finir l'examen de ce texte sans avoir amélioré concrètement la situation des aînés et de ceux qui en prennent soin, alors qu'il y a urgence et que les propositions existent.

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