Intervention de Josiane Corneloup

Séance en hémicycle du lundi 3 avril 2023 à 21h30
Pour une politique ambitieuse du grand âge

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJosiane Corneloup :

Eu égard aux conclusions du CNR et aux nombreux rapports rédigés sur cette question, j'appelle également de mes vœux l'élaboration d'une loi de programmation pluriannuelle relative au grand âge. Il convient en effet de déterminer une trajectoire de finances publiques afin de préserver et d'accompagner l'autonomie des personnes âgées et des personnes handicapées. Cette loi devra définir les objectifs de financement public attendu pour assurer le bien vieillir de ces personnes, tant à domicile qu'en établissement, et pour recruter les professionnels nécessaires. J'insiste, nous avons besoin d'une vraie trajectoire sur la durée, tout comme nous avons besoin que le grand âge soit considéré dans sa globalité.

Il faut bien sûr une augmentation adéquate des moyens financiers et humains. Nous devons développer la formation et l'attractivité des métiers du soin et du domicile, renforcer la médicalisation, et disposer d'une offre de logements diversifiée répondant aux besoins spécifiques des personnes âgées et des personnes handicapées ainsi qu'à leur niveau de dépendance. J'ajoute que nous devons accorder une attention particulière au rôle des aidants. Vous l'avez dit, la population âgée de plus de 60 ans va passer de 17 millions à 27 millions de personnes en 2050, tandis que 4 millions de Français seront en perte d'autonomie.

Nous parlons beaucoup de la préservation de l'autonomie dans le cadre de l'examen en commission de la proposition de loi portant mesures pour bâtir la société du bien vieillir en France, or cette préservation requiert absolument de remettre les résidents au cœur des priorités, en rendant les Ehpad plus humains. Nous constatons en effet un manque considérable de moyens humains et financiers, si bien que par manque de temps, les soignants agissent à la place des résidents, ce qui nuit évidemment à leur autonomie. Les soignants ne peuvent accompagner les résidents comme ils le souhaitent, ce qui suscite énormément de démotivation et entraîne des arrêts de travail – phénomènes tout à fait préjudiciables.

De plus, un virage domiciliaire s'impose, 85 % de la population souhaitant demeurer à son domicile. Les Ehpad sont donc appelés à prendre en charge les personnes de plus en plus tardivement, avec par conséquent un besoin accru de médicalisation. Nous ne pourrons pas correctement accompagner les personnes âgées si nous ne les soignons pas dans la dignité.

C'est pourquoi j'estime qu'il faut véritablement tenir compte des astreintes de nuit et du grand problème d'absence de médecins traitants. En effet, la moitié des résidents de l'Ehpad dans lequel je me suis rendu il y a quelques jours n'avaient plus de médecin traitant. J'ai donc déposé des amendements à la proposition de loi visant, d'une part, à ce que les médecins coordonnateurs aient la possibilité de prescrire lorsque les résidents n'ont plus de médecin traitant – j'insiste sur le fait qu'il s'agit d'un véritable problème – et, d'autre part, à développer la télémédecine, la téléconsultation et la télé-expertise, qui sont selon moi des outils très intéressants.

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