Intervention de Dafna Mouchenik

Séance en hémicycle du lundi 3 avril 2023 à 21h30
Pour une politique ambitieuse du grand âge

Dafna Mouchenik :

Sans prétention, je voudrais simplement témoigner de ce que je vois sur le terrain : la situation dramatique du secteur de l'aide à domicile est directement liée à la façon dont on finance la perte d'autonomie.

On ne finance que ce qu'on voit, c'est-à-dire uniquement le temps passé auprès des gens. Or, comme je l'ai dit rapidement en introduction, ce temps est très inférieur aux besoins de ces derniers. Si les auxiliaires de vie restaient plus longtemps auprès des bénéficiaires, leur temps de déplacement serait drastiquement réduit, alors qu'elles s'essoufflent à courir d'une maison à l'autre, parce que le temps accordé à chaque personne est très court. Si celui-ci était calculé en fonction du handicap, une auxiliaire de vie s'occuperait non plus de six ou sept personnes dans la journée, mais de deux ou trois seulement, pour occuper un temps plein.

Je parle du handicap plutôt que de l'âge, parce que pour un même problème de santé, une personne bénéficie de plus de temps avant l'âge de 60 ans qu'après, ce qui révèle un certain âgisme dans les politiques publiques, lequel n'est pas sans soulever de questions.

Il faut arrêter de croire que le travail ne se fait que lorsque l'on est près des gens. Une auxiliaire de vie, pour faire correctement son travail, a besoin de s'entretenir avec les proches et les infirmières, de communiquer avec ses collègues – du week-end et du soir –, de parler avec son service, par exemple pour dire ce qu'elle pense d'une pratique ou préconiser une autre façon de faire. Tous ces temps de travail ne se font pas en face-à-face. Ce temps, dit improductif, est invisible mais indispensable.

Les services ont besoin qu'on leur redonne de l'autonomie et qu'on leur fasse à nouveau confiance. Certains plans d'aide sont très directifs : on prévoit un quart d'heure ici, une demi-heure là. L'auxiliaire de vie sait comment accompagner les gens ; elle a besoin qu'on lui fasse confiance. En tout état de cause, si la perte d'autonomie était correctement financée, les difficultés rencontrées par les professionnels seraient drastiquement réduites.

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