Intervention de Marine Hamelet

Séance en hémicycle du lundi 3 avril 2023 à 16h00
L'école inclusive une réalité

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarine Hamelet :

Monsieur le ministre, je souhaiterais appeler votre attention sur le cas des enfants et des adolescents à très haut potentiel intellectuel (THPI), que l'on appelle familièrement des surdoués, et que la psychologue clinicienne Jeanne Siaud-Facchin a récemment appelé les « zèbres » dans L'Enfant surdoué. Ces « zèbres » représentent environ 2 % de la population, soit un peu plus de 250 000 enfants scolarisés en France. Parmi eux, 45 % connaissent le redoublement scolaire et 20 % n'atteignent pas le bac. Schématiquement, ce sont des enfants avec un quotient intellectuel supérieur à 130.

Outre une puissance intellectuelle élevée, ces enfants développent une forme particulière d'intelligence et une manière de raisonner différente. Sur le plan affectif, ils développent très souvent une hypersensibilité qui peut conduire à une vulnérabilité émotionnelle et psychologique, qui se traduit malheureusement dans certains cas par une mise à l'écart et une mise à distance par rapport au groupe. Désormais, les enseignants identifient assez rapidement la nécessité d'un dépistage. Une fois le diagnostic posé, on attend beaucoup de ces enfants surdoués. On pense que leur haut potentiel va en faire naturellement des élèves brillants dans l'environnement scolaire.

Malheureusement, faute d'un nombre suffisant d'unités d'enseignement adaptées, la réalité est différente. Si l'article L. 321-4 du code de l'éducation dispose bien que « des aménagements appropriés sont prévus au profit des élèves à haut potentiel ou manifestant des aptitudes particulières afin de leur permettre de développer pleinement leurs potentialités […] », cette intention ne se traduit pas toujours concrètement. Nous devons donc aller plus loin et développer des écoles dites intégratives, qui regroupent les enfants surdoués au sein d'une même classe, parmi d'autres enfants, et qui ont un véritable projet pédagogique courant de la maternelle à la terminale.

En France, les écoles publiques adaptées aux élèves à haut potentiel sont rarissimes : c'est le cas, depuis la dernière rentrée scolaire, du lycée public Émile-Dubois, dans le 14e arrondissement de Paris, qui dispose d'une « classe passerelle » en seconde, afin de permettre aux élèves HPI d'aborder plus sereinement le lycée. Mais la majorité des structures d'enseignement adaptées ne sont pas gratuites et y inscrire leurs enfants représente une charge pour les familles. Monsieur le ministre, envisagez-vous, à long terme, de développer davantage d'écoles adaptées, en particulier des écoles dites intégratives, qui présentent les meilleurs résultats en matière d'inclusion pour les enfants HPI ?

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