Intervention de François Piquemal

Séance en hémicycle du jeudi 30 mars 2023 à 15h00
Lutte contre les arnaques et les dérives des influenceurs sur les réseaux sociaux — Article 2b

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Piquemal :

Je sais que mon collègue Carlos Martens Bilongo est très attaché à cet amendement.

Depuis la libéralisation des jeux de hasard et d'argent issue de la loi du 12 mai 2010 qui a ouvert le secteur à la concurrence, les publicités les concernant ont connu une croissance exponentielle. C'est pourquoi notre groupe souhaite interdire la promotion par les influenceurs des jeux d'argent et de hasard et des abonnements à des pronostics sportifs.

La publicité pour les paris sportifs en ligne vise prioritairement les plus jeunes et les plus précaires, cibles des opérateurs de jeux tels que Winamax, ZEbet, Unibet ou encore FDJ. Les dépenses en paris sportifs en ligne des 18-24 ans connaissent une très forte hausse au point que cette tranche de la population est en train de devenir, juste avant les 24-35 ans, celle qui effectue le plus de transactions.

Les jeunes sont six fois plus susceptibles de développer une addiction. D'autre part, 70 % des joueurs sont endettés auprès des banques. La Commission européenne souligne que l'exposition des mineurs aux publicités pour des jeux d'argent et de hasard est permanente en raison de la présence de ces dernières sur tous les supports de communication, dont les réseaux sociaux.

Près des deux tiers des personnes qui composent l'audience d'Instagram ont moins de 35 ans ; près de la moitié des visiteurs quotidiens de TikTok ont entre 15 et 24 ans. Il est donc nécessaire de protéger les jeunes publics des jeux d'argent et de hasard en interdisant la promotion de ces derniers par des influenceurs. Car derrière les perspectives annoncées de réussite sociale ou l'espoir, que l'on fait miroiter, de résoudre des difficultés personnelles, professionnelles et sociales se cache la réalité d'une industrie prédatrice dont le modèle économique repose sur les plus vulnérables. Les pertes des joueurs dépendants représentent ainsi 40 % du chiffre d'affaires des opérateurs.

Enfin, si le fruit des paris sportifs alimente pour moitié le budget du ministère des sports, lequel s'élève à 284 millions d'euros, par le produit de taxes sur les paris sportifs, il faut garder à l'esprit le fait que l'addiction coûte plus qu'elle ne rapporte. En prenant en considération les divorces, les violences conjugales, le chômage et la criminalité que l'endettement engendre, on peut estimer que la dépense publique pourrait atteindre les 15 milliards par an.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion