Intervention de Estelle Youssouffa

Séance en hémicycle du mercredi 1er mars 2023 à 15h00
Échecs de la politique migratoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEstelle Youssouffa :

Parler d'échec de la politique migratoire, c'est évidemment parler de la situation à Mayotte. En 2002, Mayotte comptait 34,5 % d'étrangers sur son sol ; ils seraient aujourd'hui plus de 50 %. Cela veut dire qu'une personne sur deux croisées dans les rues de mon département est étrangère, le plus souvent en situation irrégulière. Nous subissons depuis plus d'une décennie la tyrannie de la politique des chiffres en matière de reconduites à la frontière : l'an dernier, à Mayotte, 25 380 personnes ont ainsi été renvoyées dans leur pays. Mais c'est en réalité un trompe-l'œil car ceux qui sont expulsés le matin reviennent aussitôt par bateau dans les jours qui suivent.

Il est impossible d'envisager une politique migratoire efficace sans protéger et verrouiller réellement notre frontière, avec l'aide de la marine nationale et la mobilisation d'un bâtiment militaire basé de manière permanente à Mayotte. Car Mayotte est devenue le point d'arrivée des migrants de toute la région : Comoriens en tête, mais aussi Malgaches et Africains des Grands Lacs, qui débarquent quotidiennement par bateau. Paris se sert de notre insularité pour transformer Mayotte en cul-de-sac, au moyen d'un visa territorialisé. La préfecture distribue largement des permis de séjour qui régularisent les étrangers sur notre île uniquement, ce document ne leur permettant pas de se rendre dans l'Hexagone ou dans le reste de l'espace Schengen. À travers une loi inique, Mayotte se trouve hors de la République, seule face au déferlement migratoire. L'État isole Mayotte en raison de son voisinage, évoquant un hypothétique appel d'air. Le Gouvernement compte-t-il mettre fin à cette injustice et abolir enfin le visa territorialisé dans sa loi relative à l'immigration ?

Enfin, je tiens ici à apporter mon soutien au ministre Darmanin et au Gouvernement concernant l'opération, annoncée dans la presse, de destruction des bidonvilles. Cette annonce répond à la demande des Mahorais de détruire ces zones insalubres et ces quartiers de non-droit. Connaissant l'habitude des représailles qui s'exercent après les décasages, pouvez-vous nous assurer que toutes les mesures seront prises pour protéger la population française de Mayotte des inévitables campagnes de terreur qui suivront la destruction des bidonvilles ?

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